Archive for the ‘L'expédition en temps réel’ Category

No comment: la transat’ en images…

samedi 20 février 2010 à 15:09

Pour les amateurs de vidéos, voilà avec un peu de retard, un résumé tout en images de la transat du Cap Vert à Tobago

Il y a le ciel, le soleil, la mer… et le tourisme !

samedi 20 février 2010 à 04:59

L’équipe de Watch the Waste remonte depuis bientôt un mois l’arc antillais. Tobago, Grenade, les Grenadines, Saint Vincent, Sainte-Lucie… un chapelet d’île aux noms qui font rêver.
Nous n’avions jamais croisé autant de voiliers que depuis que nous avons atterri dans ce que tout le monde qualifie ici d’un véritable “paradis pour la plaisance”.
Et effectivement, des îles éloignées de 40 milles au plus, un vent établi et plutôt régulier, une mer belle le plus souvent… ajouté à cela les incontournables de la carte-postale, cocotiers et sable fin. Nous y sommes, le paradis n’est plus très loin… ou presque !

De quel paradis parlons-nous? Les caraïbes offrent bel et bien un environnement qui fait rêver dans les rames des métros européens. Les îles constituent ainsi des eldorados pour travailleurs fatigués, en quête de farniente. Et rien de tel que le bateau pour se détendre un peu ! Va pour l’évasion! Mais peut-on seulement en rester à cette image sur papier glacé?

Arrivés à Prickly Bay, au sud de Grenade, le décor est planté. Dans une large baie, des centaines de bateaux sont mouillés. Certains arrivent directement depuis l’autre côté de l’océan, mais l’essentiel est constitué par des yachts de location et autres charters à la semaine. Aussi, mouiller ici, c’est un peu comme chercher à se garer dans un parking de supermarché: les places sont rares et chères !

Aux Grenadines, tout semble fait pour faciliter le quotidien des plaisanciers en congés: “Sail fast, Work less”, un slogan que l’ont peut lire un peu partout. Entre Union Island et Bequia, dans les Grenadines de Saint-Vincent, des boat-boys viennent inlasablement aux abords de chaque embarcation mouillée pour proposer du poisson frais ou des langoustes, que les touristes n’ont pas le droit de pêcher eux-mêmes. Les mêmes proposent des services de laverie, la livraison de pain frais, ou de croissants pour le lendemain matin, sans compter les invitations répétées à essayer les quelques paradis artificiels locaux. Dans les Grenadines donc, plus besoin de sortir faire ses courses, le supermarché vient jusqu’à votre échelle de bain.


Un boat-boy dans les Tobago Cays

Au coeur de cet archipel, les Tobago Cays constituent un point de passage obligé pour tous ceux qui naviguent sur ces mers. Une série de barrières de corail enrobent un lagon aux eaux translucides et protègent une faune d’une grande richesse: toutes sortes de poissons aux couleurs exotiques, tortues, raies, barracudas et autres requins peuplent ces fonds d’une rare beauté. A cette faune aquatique vient se mêler une faune touristique tout aussi dense. Des bateaux par centaines viennent passer une nuit ou deux au coeur de ce joyau aquatique.

Mais, les Tobago Cays sont aujourd’hui une réserve marine. Ce statut oblige tout visiteur à s’acquitter d’un droit d’entrée et ce afin de financer la protection du site. A cette taxe est associée un réglement strict sur la conduite à tenir dans la réserve. Ainsi, malgré le nombre gigantesque de visiteurs pour un espace si retreint, le tourisme semble, ici, participer à une forme de protection du patrimoine naturel local. Ce constat de propreté peut même être généralisé à la plupart des sites rencontrés sur notre parcours…  Comment expliquer que malgré cette fréquentation intensive, ces îles demeurent le plus souvent d’une propreté exemplaire?

Le touriste rend-il propre?
Pendant nos formalités d’entrée à Grenade, un message est répété par le fonctionnaire en poste: ici, on ne plaisante pas avec les pollutions. Des questions nous sont posées sur notre caisse à eau noire et sur nos pratiques à bord: la question des déchets est prise ici très au sérieux. Et pour cause, il ne faudrait pas gâcher la carte postale!
En quelques décennies, le tourisme est devenu pour l’ensemble de l’espace carribéen la ressource économique principale. Aujourd’hui, l’ensemble de ces pays est dépendant des flux touristiques saisonniers, et rien ne semble en passe de changer: le développement d’infratructures de transport ou l’omniprésence des boat-boys sont autant d’indices de l’avènement d’une monoéconomie dédiée aux loisirs et à la détente pour occidentaux de tous horizons.
Et, cette évolution n’est pas perçue comme négative. A propos de déchets notamment, beaucoup de ceux qui ont vu ces îles avant l’arrivée massives des bateaux de croisières et autres charters estivaux ne peuvent que constater une amélioration évidente de l’hygiène publique. Du moins, d’un point de vue esthétique et pour les espaces fréquentés quotidiennement par ces flux touristiques.

Car, en effet, si la vitrine est impécable, que dire de l’arrière boutique? Dans la plupart des îles croisées sur notre parcours, il n’existe pas de véritable sytème global de gestion des rebuts. Tantôt simple stockage, souvent un peu d’incinération à l’air libre. Les flux touristiques s’accompagnent de flux de marchandises importants. Or, en l’absence de solutions de gestion industrielle des volumes détritiques engendrés par cette économie des loisirs, comment considérer l’apparente propreté des espaces publics rencontrés? Dans de nombreux endroit croisés, dès que le visiteur quitte de quelques centaines de mètres les espaces dédiés à l’accueil des touristes, la rue est jonchée de cadavres de bouteilles et autres restes de ‘take away’ vite mangés, vite jetés. On raconte que certains boat-boys jeteraient directement à la mer le ordure confiés non sans pourboires par des plaisancier pressés: choisissant la côte Atlantique comme décharge naturelle, laissant le travail aux vents et aux courants. Dans l’univers du déchet dans les caraïbes, il semble donc y avoir deux planètes qui ne sont pas censées se rencontrer. Ainsi,  à savoir si le tourisme demeure un vecteur d’amélioration du cadre de vie des insulaires, la question doit rester ouverte. 

A cette question laissée en suspens répond une autre interrogation: est-il seulement possible de vivre dans le paradis des autres?

Une affaire à suivre !

Une nouvelle robe pour notre observatoire

dimanche 31 janvier 2010 à 23:10

Après tous ces milles parcourus depuis le départ, la carène d’Alcavelis s’est un peu usée, il est temps de remettre une couche d’antifouling. Cette peinture permet d’éviter que la carène soit souillée par les organismes marins. Le problème, c’est que ce produit présente une toxicité importante et les carénages peuvent représenter un danger pour l’environnement lorsque les résidus d’antifouling ne sont pas récupérés. En France, ces carénages « sauvages » sont théoriquement interdits mais devant l’investissement que représentent les systèmes de récupérations des eaux, la réglementation n’est pas partout respectée. Inutile de préciser qu’en descendant vers le sud, Alcavelis n’a croisé aucun chantier équipé comme tel, jusqu’à maintenant, au sud des Antilles à Grenade et Cariacou. Nous espérons revoir d’autre chantier soucieux de leur environnement en remontant vers le Nord.
Alcavelis est donc passé en arrêt technique au chantier au sud de Grenade. Lavage haute pression, ponçage, application de la première couche d’antifouling, puis de la deuxième, l’équipe « «Watch the Waste » s’adonne aux travaux manuels pendant deux jours complets. Nous profitons aussi de cette sortie pour déposer nos voiles et les faire renforcer aux points sensibles, et pour régler des petites bricoles. Arrêt éclair donc, à mi-parcours, Alcavelis à troqué son vieil habit noire contre une robe rouge toute neuve.

A l’ouest du Cap Vert…

mercredi 06 janvier 2010 à 17:15

Comme nos lecteurs les plus fidèles l’auront compris, cette escale au Cap Vert aura été l’occasion pour l’équipe de Watch the Waste de recharger les batteries ! Un petit moment de répit avant d’entrer dans le vif du sujet.

Pendant une quinzaine de jours, Alacavelis a silloné les mers qui séparent les îles Barlavento. Ici, c’est le nom qui est donné aux îles “au vent”, celles qui sont traversées pendant de longs mois par les Alizés. Mais, cette année, les vents ont été particulièrement calmes, ce qui n’a pas réjoui tout le monde !
En effet, la première île visitée fût Sal, qui oriente son économie exclusivement vers le tourisme. Chaque année, des milliers d’amateurs de sensations fortes viennent fouler la plage de Santa Maria à la conquête d’une “des plus belles droites du monde”… Des loueurs de surfs et de kytes jalonnent les bâtiments des hotels fraichement dressés sur l’île qui, jusqu’à il y a peu, était le point de passage obligé de tous les vols internationaux desservant le Cap Vert.
Faute de vent et peut-être aussi parce que le tourisme de masse n’est décidemment pas une activité prisée à bord, l’équipage est parti à la conquête de la plage orientale de l’île, la Serra Negra, devenue une véritable décharge littorale.


A l’est de Sal, les courants et les vents viennent charrier des résidus qui s’amoncellent aux pieds d’une décharge à ciel ouvert.

Sur ce site, s’amoncellent, entre autres, les restes des matériaux ayant permis la construction des hotels décrits plus tôt. Ironie du sort, cette plage est tacitement interdite à la baignade car elle est le lieu de reproduction privilégié des tortues marines locales…


C’est ensuite vers Sao Nicolau que nous avons continué ce périple, toujours plus à l’ouest. Bien qu’en plein coeur de l’archipel, elle en est peut-être aujourd’hui une des îles les plus isolées. Territoire préservé des vagues massives de vacanciers, c’est ici que l’équipe a compris le pourquoi du “vert”, dans le nom donné à l’archipel. Une fois passées les colines arides de Tarrafal, le visiteur se retrouve dans un paysage où la végétation abonde. Des vallées et des sommets vertigineux se succèdent sous nos yeux. Ici, la richesse des sols est à associer à la richesse des coeurs: la Morabeza, l’art de vivre, d’être et d’accueillir à la capverdienne est toujours une réalité. Chacun semble conscient des limites des eldorados touristiques. Et même si on y aspire forcément un peu, les habitants semblent, comme nous, vouloir profiter des quelques années qui séparent encore Sao Nicolau d’un développement que nul de saurait réfreiner.

Tarafal, Sao Nicolau, à quelques heures du réveillon de Noël

Au fil de son parcours entre les îles Barlavento, l’équipe a réalisé les premiers prélèvements planctoniques de l’expédition. Les essais du Manta Trawl, prêté par l’Algalita Marine Research Foundation sont concluants. Le bateau parvient, sans trop être freiné, à tirer derrière lui cette bouche béante qui retient dans son filet toutes les particules en flotaison. Nous observons à l’oeil nu des résidus plastiques, sous forme de petits filaments colorés. Tout cela promet pour les mois à venir!

Premiers essais in situ du Manta Trawl.

L’arrivée à Sao Vicente marque la fin de cette escale capverdienne. Mindelo sera le point de départ de la transat’ aller. Chacun tente de profiter au mieux de la terre que nous allons quitter pour quelque temps. Juste en face, Santo Antao sera la dernière silhouette terrestre que nous pourrons admirer en faisant route vers le continent américain. Et quelle silhouette !

Les sommets de Santo Antao, dernière images de la terre avant l’océan…

L’heure est donc venue pour l’équipage de retrouver le large. Depuis quelques jours, nous nous affairons pour préparer notre embarcation à cette longue traversée. Départ prévu demain, jeudi. En route vers l’ouest ! Il ne faudra pas moins de 15 jours de mer pour rejoindre l’île de Tobago. D’ici là, nos nouvelles seront rares… Mais vous pourrez suivre notre parcours grace à la cartographie en temps réel.

Et, en attendant de vous retrouver, tous les membres de l’équipe vous souhaitent une excellente année !

A très vite (ou presque) pour la suite !

Boas Festas !

vendredi 01 janvier 2010 à 20:15

Un petit mot pour donner quelques nouvelles de l’équipe de Watch the Waste, après bientôt deux semaines au Cap Vert !

Ici, les connexions internet sont rares, et la mise a jour du site a pris du retard… mais nous tacherons très vite de vous proposer un résumé de notre traversée du Cap Vert au Cap Vert ! Et bientôt les images de notre passage inoubliable sur les îles de la Morabeza !

Arrivés quelques jours avant Noël dans cet archipel étonnant, l’équipage s’est laissé prendre au rythme nonchalant de la vie capverdienne. Alcavelis a d’abord posé l’ancre à Palmeira, sur l’île de Sal, pour rejoindre ensuite Santa Maria. Noël a été fêté comme il se doit, sur l’île de Sao Nicolau. Mais c’est depuis Mindelo sur Sao Vicente que nous vous écrivons ces quelques lignes, au lendemain d’un réveillon haut en couleurs, festif et dansant: nous nous sommes mélés à la célébration d’une nouvelle année qui promet encore beaucoup de surprises. L’équipe s’accorde encore quelques jours de repos en attendant le grand saut pour l’autre côté de l’Atlantique ! Les préparatifs de la première transatlantique de Watch the Waste débuteront en début de semaine prochaine…

Une très belle année à tous… Boas Festas !

Merci à Dakar et en route pour les iles !

samedi 12 décembre 2009 à 16:48

Quelques lignes à quelques minutes du départ de Dakar, pour informer nos lecteurs du retour sur les flots de l’expédition Watch the Waste.
Après une quinzaine de rencontres, de découvertes et d’actions, le départ du Sénégal est chargé d’émotions tant l’accueil reçu ici nous a touché. Ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui ces jours derniers ont croisé les membres de l’équipage. Les souvenirs de ces moments d’Afrique porteront chacun tout au long de l’expédition, d’île en île jusqu’aux Amériques puis jusqu’à l’Europe… Vous retrouverez très bientôt sur notre site de nouveaux articles consacrés à cette escale hors du commun : les déchets de Dakar n’ont pas finit de faire parler d’eux !

Départ imminent pour l’île de Sal, au Cap Vert: 350 milles environ qu’Alcavelis devrait avaler en trois jours maximum ! Une nouvelle balise de suivi GPS a fait son entrée à bord : retrouvez dès à présent en ligne nos positions en temps réel !

Un grand merci à Dakar ! Dernière étape continentale de l’expédition pour l’année 2009. A partir de ce point, l’équipage d’Alcavelis ne touchera de territoires continentaux qu’à l’occasion de son arrivée: fin juin 2010, en Bretagne !

A très vite pour la suite !

La baie de Hann à l’heure de Copenhague…

mardi 08 décembre 2009 à 16:07

En Europe, le sommet de Copenhague s’est ouvert hier matin. A défaut de chefs d’états, l’équipe de Watch the Waste, en escale à Dakar, a rencontré les habitants de la baie de Hann, un des sites qui figure en bonne place dans le classement des plages les plus polluées du monde.

Le pied à peine posé à terre, la situation de la baie de Hann ne peut qu’être confirmée par nos premières sensations. A la lisière de l’eau, le sol est noirci. Des déchets par centaines s’amoncellent sur le sable. Mais surtout, une odeur de vase peu commune est omniprésente aux abords du ponton qui nous amène jusqu’à terre.


La plage de la baie de Hann. Dans le fond, la couleur originelle du sable, au premier plan, le sol noirci par les diverses pollutions qui touchent le site.

Très vite, nous rencontrons Babacar Fall, président de l’association Siggil Hann qui se bat depuis plus de cinq ans pour la restauration de la baie. Les membres de Siggil Hann habitent tous à proximité de la plage. Les plus anciens ont pu assister à la dégradation de leur cadre de vie : « dans les années 60, cette baie était considérée comme la plus belle plage du monde après celle de Rio de Janeiro ». En effet, ce site réunit des qualités exceptionnelles : de grande taille, on y retrouve un sable d’une rare finesse, exposé plein sud, à l’abri des vents et des courants. Mais aujourd’hui, rares sont ceux qui osent s’aventurer dans l’eau. Les quinze kilomètres de plage qui forment la baie sont devenus un des territoires anthropisés les plus pollués de la planète. Chacun semble ici déplorer un véritable gâchis qui s’est joué en moins de cinquante ans.


Rencontre avec Siggil Hann : de gauche à droite: Mame Yabe Diop, Mamadou Bocar Thiam, Baptiste Monsaingeon, Yann Geffriaud, Pape Sylla, Malang Badian (chef de quartier Marinas), Marcel Diatta, Mamadou Diédhiou, Babacar Tambidou, Mbaye Ndiaye, Pierre sassier, Babacar Fall.
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Des canards rient… au Cap Vert !

mercredi 02 décembre 2009 à 22:52

Depuis le départ de l’expédition en octobre dernier, l’équipe de Watch the Waste a réalisé la semaine dernière sa plus longue traversée: 950 milles séparent Puerto del Rosario (Fuerteventura - Canaries) de Dakar. Voici les quelques remarques que nous vous proposons en guise de résumé de ces 7 jours de mer.

Un vent soutenu de secteur Nord Est et une mer assez peu agitée auraient dû nous permettre de réunir des conditions favorables à l’observation des résidus flottants. Nous sommes restés à une cinquantaine de milles des côtes sahariennes pendant l’essentiel de cette navigation. Malgré la proximité du littoral, seuls une dizaine de déchets ont pu être répertoriés sur l’ensemble de la traversée. Ceux-ci répondent toujours aux mêmes caractéristiques: débris plastiques, sacs, filets… Une maigre récolte qui donne d’autant plus de poids aux constats passés et à venir, montrant des concentrations plus importantes de ces restes de l’activité humaine.

Cette pénurie qu’il serait difficile de critiquer nous a laissé le champ libre pour observer une faune riche et diversifiée: poissons volants par centaines, tortues, dauphins qui, de jour comme de nuit ont accompagné la descente vers le sud d’Alcavelis. Un espadon de près de deux mètres a suivi notre sillage pendant de longues minutes, des bancs de thons nombreux s’animaient à notre approche. Chacune de ces visites ont été pour nous une formidable distraction dans une traversée qui pouvait devenir rapidement monotone.

A autre faune, autre type de distraction. Jamais depuis notre départ de Bretagne nous n’avions croisé une telle densité de navires de commerce. Tankers, porte-containers et autres cargos aux dimensions souvent impressionnantes ont jalonné notre parcours. A cette distance des côtes, notre route a suivit celle des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Orient, la plupart des bateaux ayant franchit le Cap de Bonne Espérance. La situation politique dans le Golfe d’Aden explique peut-être ce constat: bien que plus longue, la route passant par le sud de l’Afrique est actuellement plus sûre que celle qui mène au canal de Suez. Par ailleurs, de gigantesques navires de pêche (des thoniers très probablement) sont également omniprésents dans cette zone de l’Atlantique où la richesse de l’océan contraste fortement avec la pauvreté du continent.

Jour après jour, c’est la VHF qui à travers un canal 16 bien souvent utilisé pour des palabres musicales nous apportait la preuve sonore d’une avancée toujours plus au sud. De l’espagnol à l’arabe le long des côtes sahariennes, les premiers échanges en wolof et en français ont été pour nous le signe d’une arrivée prochaine.

A l’aube du jeudi 26 novembre, le Cap Vert (celui de Dakar!) a commencé à dessiner ses courbes à l’horizon et très vite, les odeurs de la côte et la chaleur de l’Afrique se sont faits ressentir avec force. Un seul virement de bord au sud de Gorée et la baie de Hann s’ouvrait devant l’équipage déjà ébahit. L’ancre à peine jetée, une certitude nous envahit, notre passage à Dakar sera un moment fort de cette expédition. Le site dans lequel le mouillage du Cercle de Voile de Dakar s’est installé nous offre un spectacle déconcertant… jamais nous n’avions pu assister à un tel degré de souillure : dans un cadre idyllique, une baie s’étendant jusqu’à l’horizon renferme des débris flottants par centaines. Si sur la plage le sable est d’une blancheur et d’une finesse rare, à l’endroit où viennent se briser les vaguelettes, le sol a noircit, il est comme imprégné de substances dont nous ignorons encore la nature.

Deux semaines s’ouvrent à nous pour tenter de comprendre ce qui se joue ici. Des rencontres avec les associations locales devraient nous permettre d’y voir plus clair. La pollution est ici une évidence. Ses causes, elles, sont encore invisibles…

A très vite pour la suite…


Un des premiers navigateurs rencontrés à notre arrivée au Cercle de Voile de Dakar…

De Madère aux Canaries…

mardi 10 novembre 2009 à 12:50

Départ prévu ce jour pour Lanzarote ! Avant de prendre la mer, voici quelques remarques sur ce que nous avons pu voir des déchets à Madère…

Près de 300000 personnes vivent sur l’île principale de l’archipel. Pour une île d’environ 750km², la forte densité de population a obligé les autorités régionales à mettre en place des solutions intégrées de gestion des rebuts quotidiens et industriels. On retrouve deux centres d’incinération sur ce caillou posé au milieu de l’Atlantique.

L’économie de l’île est avant tout orientée autour du tourisme (près de 20% du PIB). La pollution du littoral est ainsi un enjeu vital pour chacun. Les paysages grandioses ne sauraient être mis en cause par la présence de débris de la vie terrestre. De nombreuses informations sont observables dans les rues et à proximité des centres de vie: un seul mot d’ordre, le tri sélectif et la gestion raisonnée des déchets. Les centres d’incinération de l’île sont donc alimentés par des déchets propres !

En effet, ici, rien n’existe pour mettre en place un processus de recyclage industrialisé. Le produit du tri permet donc simplement de fournir un meilleur rendement aux incinérateurs. Ceux-ci produisent une énergie qui est encore loin de subvenir aux besoins de consommation de l’île.

L’incinération produit des résidus, déchets ultimes, souvent toxiques. Ici, il n’y a pas assez d’espace pour construire des centres de stockages adaptés. Ces débris de débris, ces restes du reste sont donc renvoyés à terre, généralement par bateau jusqu’au continent.

Ce que nous consommons ici voyage donc beaucoup !

Inspirés par ces aller-retours impromptus, nous quittons Madère dans quelques heures pour rejoindre un des eldorados du tourisme de masse: les Canaries !

A très vite pour la suite !

Sur un air de Madère…

vendredi 06 novembre 2009 à 21:49

Partis de Lisbonne le samedi 31 octobre, c’est le mercredi suivant au petit matin que l’équipe de Watch The Waste a mis pied à terre dans le port de Porto Santo, petite ile volcanique à seulement 20 milles de Madère. Arrivés en fin de journée à l’Est de ‘la Perle de l’Atlantique’, nous souhaitions partager avec nos lecteurs un résumé de cette traversée qui nous aura permis de rejoindre un archipel aux airs de bout du monde…

Ces quatre jours de mer nous ont offerts, comme à l’accoutumée, des conditions variées mais néanmoins un peu plus propices à l’observation des déchets. Par petit temps, le constat est bien là : malgré l’éloignement des côtes et le peu de bateaux croisés, de nombreux déchets dérivent à la surface des eaux. Bouteilles et sacs en plastique, bouées de pêcheur, cagette en bois sont les déchets les plus couramment observés. Nous notons, pour chaque déchet rencontré, sa position GPS, ses caractéristiques et, dans la mesure du possible, le prenons en photos. Dans une nature d’apparence intacte et non dégradée par la présence humaine, chaque déchet rencontré nous rappel à quel point les éléments interagissent entre eux. La mer, par l’effet des courants marins, se retrouve indirectement touchée par les actions de l’homme sur le continent. Comme un alpiniste croisant des déchets en haut d’un sommet, les rares visiteurs de l’océan ne peuvent qu’être marqués par cette situation.

A la sortie de l’embouchure du Tage, c’est sur une mer parsemée de déchets que notre navigation commence. Nous constatons que de petites grappes de débris apparaissent régulièrement aux abords du bateau: morceaux plastiques et autres résidus de la vie urbaine s’amoncellent, toutes les dix minutes, par paquets. Les quelques clichés que nous avons alors tenté de réaliser ne sont malheureusement que trop peu parlants. Ces agglomérats restent ici caractéristiques des phénomènes observés sur les littoraux urbanisés.

Lors de cette navigation nous avons pû tester notre protocole d’échantillonnage macroscopique des déchets flottants. Grâce à une installation très simple, nous délimitons une zone d’observation d’environ trois mètres de largeur nous permettant d’établir des statistiques sur la densité de déchets croisés sur notre route.

Protocole dit du “bout dehors”. Mesures de la concentration macrodétritique sur un espace témoin.

Avec le large, les grappes de déchets laissent la place au calme d’un horizon bleuté. Néanmoins, nous croiserons pendant notre traversée de près de 4 jours une dizaine de macrodéchets, isolés à plusieurs centaines de milles de toute côte. Il s’agit pour l’essentiel de résidus qui nous apparaissent d’origine maritime : morceaux de mousse polystirène servant à l’isolation des navires et autres boules de pêche constituant l’essentiel de notre récolte.

Morceau de polystirène: déchet récupéré à bord d’Alcavelis.

Le dernier jour de navigation a été marqué par une rencontre inattendue entre l’équipage et une tortue marine. Nous l’observons et constatons qu’un seau en plastique semble accroché autour d’elle. A notre vitesse, nous les perdons très vite de vue et il est immédiatement décidé de les retrouver. Nous affalons à la hâte le spi puis retournons sur notre trace en tirant des bords. Chacun scrute au loin à la recherche de la tortue piégée et, au bout d’une dizaine de minutes, une tache noire se présente sur notre tribord. La voici! Elle nage paisiblement. Nous sommes rassurés, le seau dérivait près d’elle mais sans l’avoir piégé, heureusement (là encore, les conditions de mer et la rapidité de la manoeuvre ont très largement limité la qualité de nos prises de vues… l’équipage ne perd pas espoir d’améliorer rapidement ses compétences en cadrage…!). Après cette manœuvre peu commune, nous reprenons notre route en direction de Porto Santo,  ne pouvant que constater que de telles créatures peuvent à tout moment se faire piéger par un ennemi trop présent : le déchet.

Sur les pontons de Porto Santo,  nous ne rencontrons que des navigateurs de haute mer. Nous commençons à échanger avec les uns et les autres autour du projet PODEM. La question des déchets semble ici concerner chacun, tout simplement. Certains s’engagent dès maintenant à nous transmettre les positions des détritus croisés sur leur route. Grâce à ces nouveaux observateurs, nous espérons pouvoir enrichir la base de données que nous avons commencé à développer. Bientôt, sur notre carte de suivi, vous pourrez consulter en temps réel (ou presque) nos premiers résultats.

A très bientôt pour la suite !

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