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Un parcours de déchets

dimanche 13 juin 2010 à 22:44

De retour en Bretagne, Watch the Waste vous propose de découvrir la cartographie de son parcours: 11000 milles à travers les déchets de l’Atlantique Nord !

Cliquez sur l’image pour l’agrandir… vous y découvrirez le positionnement des déchets rencontrés au cours de ce périple au coeur d’un océan de plastique !

L’Atlantique à toutes allures!

jeudi 20 mai 2010 à 13:11

Treize jours, c’est le temps qu’il nous aura fallu pour rallier l’île de Faïal, aux Açores ! Les vents portants de la première semaine alliés au courant favorable du Gulf Stream nous ont donné un peu d’avance. Mais les deux jours suivants auront été marqués par une pétole et une belle mer d’huile. Enfin, c’est à la gîte et au près que nous passerons les cinq derniers jours de la traversée.  Bref, lors de ces deux petites semaines hors du temps, nous avons dû jouer avec les systèmes météo à toutes les allures, une vrai transat retour en somme !

Dans ces conditions de mer et de vent variées, l’équipage a eu l’occasion de réaliser des observations aussi nombreuses que variées! Dans la lignée de la traversée de la mer des Sargasses, il ne se passe pas un seul jour sans son lot de débris flottants le long de l’étrave. Le plus souvent, nous rencontrons des particules plastiques de quelques centimètres de diamètre, en état de décomposition, blanchies par leurs séjours dans l’eau salée. Le résultat est impressionnant : nous avons relevé environ dix fois plus de débris plastiques pendant cette transat retour que lors de l’aller! Le courant joue encore une fois son rôle de camion poubelle et charrie malgré lui ces résidus flottants à l’abri des regards, loin de la terre…


Une autre preuve du gigantisme de cet océan, sur près de 2000 milles traversés, nous n’avons aperçu que six bateaux dont cinq thoniers Espagnols ! C’est dire si nous nous sentions bien seuls…

Du froid glacial de la nuit à la douceur toute relative du jour, en dehors de nos quarts, nous ne restions pas beaucoup sur le pont, préférant de loin nos couettes ! La vie a fini par s’organiser tant bien que mal sur Alcavelis, alternant quarts, corvées domestiques, relevés d’échantillons, lecture et sommeil.

Contrairement aux précédentes navigations, nous n’avons pu profiter de poissons frais, la pêche fut bien maigre… Les baleines non plus ne nous ont pas fait le plaisir de nous rendre visite… Heureusement qu’il nous restait les dauphins qui, eux, ont bien répondu présents, ne se lassant pas de jouer sous la coque !

Le treizième jour, terre ! Nous longeons la côte de Faïal avant d’atteindre le port de la Horta en début d’après midi. Nous voici au saint des saints de la voile mondiale, escale incontournable des voiliers reliant l’Europe et ancien haut lieu de la pêche à la baleine ! Pontons exclusivement fréquentés par les navigateurs au long cours, cette escale promet d’être enrichissante à tous point de vue ! Rencontres, échanges et partage de morceaux de vie, voilà ce que nous attendons de ce séjour, apprendre de l’expérience de chacun !

A l’approche de Faïal, envahie par les nuages de basse altitude

Sargassum plasticum

vendredi 30 avril 2010 à 16:31

Après deux semaines d’escale à Cuba, l’équipe Watch the Waste est repartie le 16 avril de Santiago pour rallier les Bermudes. Cette navigation annonce la fin des régimes de vents établis et le retour des systèmes dépressionnaires  dont il faut se méfier, même à ces latitudes.  Prudence et vigilance sont donc de mise pour rallier cet archipel perdu au milieu de l’atlantique rendu célèbre pour ses histoires de dérèglement magnétique et de naufrages.  Cette navigation constitue également l’étape phare de Watch the Waste en traversant la fameuse mer des Sargasses réputée pour concentrer une grande quantité de déchets.

La navigation commence sur les chapeaux de roue, Il faut d’abord s’extirper de la côte cubaine contre vents et courants, les rafales dépassent les 30 nœuds, la mer est formée, nous retrouvons le plaisir du prés et des embruns, la gite est forte, le bateau tape, le taux d’humidité bat des records, vive la voile ! Au bout de 30 heures un peu pénibles, nous passons la pointe Est de Cuba, nous pouvons abattre, faire sécher le bateau et accélérer sur une route quasi directe.

Au lever du jour, alors que nous nous trouvons au milieu des Bahamas, nous apercevons sur l’eau une très grande quantité d’algues. Pas de doute, c’est de la sargassum. Parfois en  gigantesques amas circulaires, d’autres fois en filaments orientés dans le sens du vent, la concentration est impressionnante. Nous tentons de faire un lien entre la présence des algues et les courants avoisinants, difficile à dire, a priori, elle serait plus dense dans les phases de transition.

En fin de matinée, nous remarquons que ces algues ne voyagent pas toujours seules et pendant un quart d’heure les amas de sargassum observés renferment une grande quantité de plastique. Pains de polystyrène, sacs, flacons, bouchons, bidons, couverts,  bouteilles ; le plastique sous toutes ses formes emprisonné dans les algues et condamné à dériver avec elles au gré des vents et des courants. En observant plus précisément à l’étrave du bateau, nous remarquons que les déchets ne se trouvent pas uniquement en surface, et qu’une densité toute aussi impressionnante flotte entre deux eaux,  à quelques mètres de profondeur.  Au bout d’une vingtaine de minutes, les algues et les déchets se font moins nombreux, la mer reprend son apparence naturelle.

Le constat est simple, en moins d’un quart d’heure, nous avons vu plus de déchets en pleine mer qu’au cours de tout notre itinéraire passé.  Cette fois c’est certain, la concentration de déchets est bien au rendez-vous.
Le bateau se transforme alors en véritable observatoire. Nous mettons en service notre chalut avec son filet planctonique, à raison de  deux à trois cession de vingt minutes de chalutage par jour. Des phases d’observation approfondies se succèdent à la proue, le positionnement et le détail des déchets observés y sont minutieusement notés afin d’alimenter notre base de données. Dans le même temps nous poursuivons notre observation de tous les jours, dans la peau du navigateur lambda.

Nous rencontrerons d’autres zones de forte concentration sur le reste de notre parcours. On notera tous de même que les plus grosses quantités détritiques ont plutôt été observées au Sud, à la sortie des Bahamas. Cela dit, les conditions de mer forte des deux derniers jours de navigation ont peut être masqué des quantités toutes aussi importantes que lors des premiers jours.
Nous atteignons la pointe Nord Est des Bermudes dimanche 25 avril au petit matin, la mer et le vent nous offrent un peu de répit, le soleil est au rendez vous et après avoir reçu l’autorisation de radio Bermudes, nous nous engageons dans le chenal de St Georges, unique port d’entrée de l’archipel.

Tout l’équipage semble satisfait de cette navigation, nous avons pu profiter de bonnes conditions météo et les observations effectuées ont été fidèles aux prévisions.  L’équipe est désormais en train de rassembler ses résultats, afin de vous offrir prochainement une vision cartographique du phénomène. Notez que d’autres zones réputées pour leurs déchets sont à suivre, notamment au départ des Bermudes lors de notre transat retour vers les Açores.

Depuis notre arrivée, les dépressions violentes s’enchaînent sur l’archipel et nous subissons actuellement des rafales à 60 nœuds au mouillage de St Georges, espérons que la situation météorologique s’améliore d’ici notre départ !

Toujours plus à l’ouest… Cuba

mercredi 28 avril 2010 à 18:54

Enfin des nouvelles de l’équipe de Watch the Waste, après quelques semaines de coupure !
Comme prévu, le connections Internet cubaines ne nous ont pas permis de mettre à jour le site, c’est donc depuis les Bermudes, point de départ de notre Transat retour que nous prenons le temps de vous raconter ces quelques journées dans un pays pas comme les autres…

L’arrivée à Santiago a été marquée par les formalités d’entrée, qui à Cuba, pour les grands voyageurs, prend l’allure d’un défilé d’autorités inoubliable. Avant que des représentants de toutes les administrations concernées ne soient passés à bord, il nous est interdit de poser le pied à terre. Les services sanitaires ouvrent le bal pour évaluer notre bonne santé, et pulvériser de l’insecticide dans la cabine. Rien à signaler, nous pouvons descendre notre pavillon de quarantaine. Puis, les services phytosanitaires viennent inspecter nos fruits, nos légumes et nos produits alimentaires emballés. Là, l’inspecteur découvrira un ou deux moucherons suspects : quelques paquets de pâtes et deux ou trois citrons verts nous sont réquisitionnés pour analyse. Viendront ensuite l’immigration, les douanes, les services vétérinaires… Au bout de cinq heures, les formalités sont officiellement terminées ! Bienvenue à Cuba !

Alcavelis au ponton de la marina Punta Gorda

Alcavelis au ponton de la marina Punta Gorda

Avant d’accoster, une odeur forte de goudron et de souffre était venu accompagner notre approche de Santiago. Au dessus des pontons de la presque marina, deux cheminées crachent des fumées que nous ne pouvons qu’associer à cette atmosphère chargée. La baie de Santiago accueille en effet de nombreuses industries et notamment une raffinerie de pétrole et une cimenterie. Aussi malgré un paysage encore très préservé, la présence de l’homme se ressent ici sur une tonalité très industrielle. Nous apprendrons plus tard que le cas de la baie de Santiago n’est pas isolé, mais que presque tous les sites industriels littoraux de Cuba sont marqués par l’absence quasi-totale de dispositifs de préventions et de maîtrise des pollutions. Situation qui, dans un contexte marqué par l’éternelle poursuite de l’embargo américain, ne semble pas pouvoir trouver d’issue immédiate.

Les spécificités cubaines sont trop nombreuses pour pouvoir être décrites en un court article. De même, notre escale n’aura pas été suffisamment longue pour entrevoir l’étendue des paradoxes qui animent l’île. Mais voici néanmoins quelques constats et informations récoltées lors de notre séjour dans un des derniers pays communiste au monde.

UNE ILE A DEUX VITESSES
A Cuba, deux économies coexistent. Ceci tient à la présence de deux monnaies : l’une, dite peso convertible, le CUC, et l’autre, le peso non-convertible ou monnaie nationale, le CUP. Il faut 25 pesos non-convertibles pour faire un CUC. Pour exemple, les cubains reçoivent leur salaire de l’Etat en monnaie nationale (le salaire moyen de 250 CUP équivaut à une douzaine d’euros), auquel s’ajoute la ration hebdomadaire individuelle, donnant accès à chacun au minimum alimentaire vital. Le CUC est avant tout la monnaie du tourisme, qui constitue la seconde ressource économique de l’île. Il est ardu pour le visiteur de payer quoi que ce soit en monnaie nationale. Magasins, hôtels, restaurants, et même certains services de transport affichent donc leurs tarifs en CUC, tarifs absolument inaccessibles pour les habitants. Ainsi, le coût de la vie pour le visiteur est comparable à celui des pays les plus riches, bien que le niveau de vie cubain soit un des plus faibles au monde. De fait, il existe une barrière entre les visiteurs et les habitants. L’équilibre économique de Cuba tient donc tant à la reproduction des habitudes de consommation des visiteurs occidentaux, qu’à leur relatif isolement vis-à-vis de la vie réelle des cubains.

Santiago

Santiago

Pour le touriste, donc, la situation politique du pays (l’embargo notamment) passent presque inaperçus. Rien ne rappelle que le moindre restaurant est une activité étatique et que le bœuf qui y est servit n’est pas disponible dans les commerces pour les cubains.

DES DECHETS PAS COMME LES AUTRES?
A cette économie à deux vitesses, correspond bien évidemment une consommation qui se joue sur différents plans. Lors de nos rencontres avec les habitants, beaucoup nous ont fait comprendre qu’il y avait moins de déchets à Cuba qu’ailleurs, parce que l’accès aux biens de consommation y était très limité. Ceci est confirmé par les statistiques officielles qui évaluent à 500gr. en moyenne la masse de déchets produit chaque jour par chaque cubain (En France, ce chiffre approche les 1,5kg). Mais ces statistiques excluent totalement l’impact de la consommation touristique sur l’île.
Concernant le recyclage, si aux dires de la plupart des habitants il est inexistant, la récupération et le réemploi sont ici une réalité quotidienne. Un sac plastique n’a pas deux, mais dix vies. De même avec la bouteille de soda ou d’eau minérale. Par ailleurs, on peut observer, un peu partout, des récupérateurs de rue : chargés de gros sacs, ils ramassent les canettes de boisson et autres emballages aluminium délaissés dans les poubelles publiques.
Il existe une usine de recyclage à Santa Clara au centre de l’île. Celle-ci est censée traiter la totalité des déchets recyclables collectés dans l’ensemble du pays. Selon l’association ProNaturalezia, l’usine fonctionne. Mais un seul centre pour l’ensemble du territoire reste largement insuffisant. De même, à l’échelle domestique, le tri sélectif n’existe pas. Des expériences ont été lancées dans le centre de la vieille ville de la Havane. Mais, à ce jour, les moyens pour étendre la mise en place d’un système raisonné de gestion des déchets sont inexistants. Sans collecte organisée ni moyens fiables pour transporter les résidus jusqu’au centre de traitement, l’usine de Santa Clara peut continuer de tourner, mais elle risque de le faire à vide
A la télévision nationale, des spots publicitaires encouragent chacun à pratiquer le tri sélectif. Mais, à la Havane par exemple, l’ensemble des déchets collectés par les services municipaux est directement stocké dans une décharge à ciel ouvert, à quelques centaines de mètres de l’aéroport international. Les déchets sont entreposés puis incinérés, à l’air libre.

Cette situation correspond à celle que nous aurions pu observer dans n’importe quel pays dit en développement. Pour autant, Cuba reste un cas à part. Face à l’embargo qui continue, les attitudes sont diverses, mais bien souvent marquées par une forme de frustration de l’ailleurs. Nombre d’entre ceux que nous avons rencontré nous ont demandé de leur faire une petite place sur le bateau. Beaucoup semblent tout simplement impatients de pouvoir accéder à ce qui symbolise aujourd’hui l’extérieur du pays : internet, les téléphones portables et autres symboles extérieurs d’un standard de vie à l’occidentale. Cette aspiration se fait d’autant plus prégnante que de nombreux cubains ont réussi à fuir le pays pour les Etats-Unis et parfois l’Europe ; ceux-là sont souvent, à demi-mot, présentés comme des exemples à suivre.
Dans une île de Cuba encore très marquée par les héros d’une révolution déjà ancienne, les aspirations au changement sont très facilement perceptibles. Mais quel est réellement l’objet de cette aspiration ? De quel changement parlons-nous ? S’agit-il d’une ouverture tant attendue au reste du monde ou plus prosaïquement, d’un désir individuel profond, bien qu’à peine avoué, de pouvoir s’enrichir et consommer, en toute liberté ?

Depuis les hauteurs de la ville, Santiago sendort

Depuis les hauteurs de la ville, Santiago s'endort

En route vers la suite…

vendredi 26 mars 2010 à 17:31

Un court message pour vous présenter la suite de notre périple…

Après une escale technique de préparation d’Alcavelis à notre transat’ retour et à la traversée de la zone d’agglomération de déchets d’Atlantique Nord, nous voilà repartis pour l’étape la plus occidentale de toute l’expédition: Cuba! Ce sera pour Watch the Waste, le dernier arrêt carribéen, avant d’emprunter le chemin du retour…

Etant donné les difficultés connues d’accès à l’Internet cubain, il est probable que le site de Watch the Waste ne soit plus mis à jour le temps de cette escale. Si tel est le cas, nous vous raconterons dès notre arrivée aux Bermudes rencontres et observations de cette escale à Santiago qui promet déjà de nous offrir un tout autre visage des Caraïbes !

A très bientôt pour la suite !

Avec les kids du PoyoSurfClub (SurfriderFoundation)

mercredi 24 mars 2010 à 16:34

 

Vous le voyez depuis quelques temps en page d’accueil, Watch the Waste s’est arrêté en Guadeloupe à la rencontre de l’antenne locale de Surfrider Foundation Europe représentée par Cyril Villoin,  l’énergique directeur du Poyo Surf Club.

 

Véritables vecteurs de sensibilisation, les nombreux évènements du club sont l’occasion de porter des messages vers les jeunes et les moins jeunes, vers les surfeurs et les moins surfeurs. Nous avons ainsi profité d’une journée exceptionnellement pauvre en vagues pour présenter les enjeux du projet Watch the Waste aux groupes d’enfants venues pour la journée.

 

Pour la première fois l’équipage se confronte à l’exercice périlleux d’aborder des sujets parfois compliqués avec des enfants ; piètres pressentiments : nous sommes étonnés de la clairvoyance de ces jeunes consciences écologique et de la pertinence de leurs questions.

 

Le projet de watch the waste expliqué aux plus jeunes

Le projet de watch the waste expliqué sur l'eau

Nous avons ainsi pu parler de sujets aussi divers que les ramassages des plages auxquels ils participent, de l’omniprésence du plastique dans les déchets retrouvés en milieu naturel, de la pollution que représentent ces déchets,  mais aussi de consommation responsable ou de développement durable. Les discussions nous ont emmenés jusque dans l’espace, où pour les enfants qui voient loin, nous pourrions avoir la mauvaise idée d’envoyer nos poubelles et ainsi polluer un endroit aujourd’hui aussi vierge que l’étaient hier nos océans.

 

Ces jeunes surfeurs ont en général été très touchés par les phénomènes de concentration de déchets au milieu des courants océaniques et notamment par la part de plastique que l’on peut y trouver. Apres avoir rejoint sur leurs planches le bateau Watch the Waste, chaque groupe participe à un débat. Entre pessimisme et espoir, des solutions sont envisagées jusqu’à prendre conscience que le durable passe par un changement de nos comportements en amont des problèmes. Consommer moins de plastique à usage unique, bien faire le tri de nos déchets et le développement des nouvelles matières bio ont été évoqués comme des priorités.

 

La mer est un espace magique pour les enfants, une immensité sans échelle, un havre de paix animal. En imaginant ces étendues pollués par la main de l’homme tous nous ont chaleureusement  remercié de nous occuper de diffuser ce message et se sont engagés, pour la plupart, à en faire de même.

Débat sur le bateau, l’occasion d’un partage joyeux.

Débat sur le bateau, l’occasion d’un partage joyeux.

Un carnaval à méditer?

mercredi 24 février 2010 à 18:46

Après quatre mois d’expédition, Watch the Waste est de retour en France! Mais ce bout de France là ne ressemble à aucun autre, surtout lorsque l’on y accoste pendant les jours gras: à la Martinique, entre le dimanche qui le précède et le mercredi des cendres, c’est Kawnawal!
Bon gré, mal gré, l’équipe de Watch the Waste découvre en arrivant au Marin, une île en pleine effervescence, où chacun semble n’avoir qu’un mot à la bouche… Le carnaval est ici une véritable fête nationale dans laquelle la plupart des martiniquais semblent s’investir corps et âme! Un indice de cette ferveur populaire: tous les commerces de l’île ferment à midi pendant toute la durée du carnaval!


Les diables rouges sont de sortie! C’est Mardi-gras à Fort de France!

Mais, cette année, le carnaval avait des raisons de remporter un succès populaire inégalé: l’année dernière, les grêves contre la ‘pwofitation’, avaient bloqué l’organisation de ces festivités. Aussi, en 2010, tout le monde attendait avec impatience les jour gras du mois de février.
Les festivités commencent dans l’île dès le mois de janvier: élection des reines (une par village), petits spectacles burlesques et autres foires. Mais c’est tout au long de l’année que chacun travaille au point culminant de la fête pendant les 4 jour gras du carnaval: fabrication des chars ou confection des costumes pour les danseuses et les musiciens, chaque groupe participant se livre à une compétition sans grand enjeu, si ce n’est celui du plaisir de la fête.
Les origines de ce carnaval remonteraient au prémisces de la colonisation sur l’île. Il se déroulait alors à Saint-Pierre, et a connu se heures de gloire jusqu’à l’éruption de la montagne pelée. La forme actuelle du carnaval est plus récente et apparaît comme un métisage entre culture africaine et carnaval tropical, à l’image de celui de Trinidad ou de Rio.

Pour ce qui est du rite populaire, la fête commence véritablement le dimanche avec la présentation du “vaval”, un mannequin géant, personnage emblématique de la célébration, objet des moqueries constituant le centre de gravité de ces quatre jours d’euphorie. Cet année, le vaval qui représente en général un homme politique ou une célébrité, avait pri la forme d’un gros banquier tenant dans ses mains des liases de billets. Ce jour là, chaque ville et village de la Martinique envoie chars, danseurs et musiciens vers Fort de France où se déroule la grande parade du Carnaval. Le lundi est dédié à l’innversion des sexes et au mariage burlesque: les hommes se travestissent en femme et inversement. Le mardi-gras est le jour de la sortie des “diables-rouges”, véritable symbole du carnaval martiniquais, et jour de l’apogée des festivités. Ceux-ci défilent dans les rues et sont censés effrayer les enfants. Enfin le mercredi, on annonce le matin la mort de Vaval et la ville défile endeuillée de noir et de blanc: au crépuscule on brûle le mannequin pour achever les festivités.

Si nous nous attardons à vous décrire cet événement qui pourrait sembler à certains très éloigné de l’objet de notre périple, c’est tout d’abord qu’une telle ferveur populaire ne saurait laisser qui que ce soit de marbre. Mais plus encore, il nous est apparu que cette célébration mettait en scène quelque chose qui pouvait ressembler à ce que nous traquons sur les mers depuis le début de ce voyage: le déchet. La tradition carnavalesque est depuis toujours associée à une forme de lacher-prise où tout tourne autour de l’excès. Dans la tradition chrétienne, le mardi-gras est un jour d’excès où l’on consomme de la viande avant le jeun du carême.
Les formes plus contemporaines du carnaval perpétuent cette dimension de l’excès et lui donnent corps en général à travers des manifestations publiques. A cette abondance de décors, de couleurs, de gestes, de cris, de chants, le carnaval martiniquais apporte une touche de dérision où les questions politiques sont placées au coeur de la fête. Chacun participe à construire cela même que la manifestation collective va amener à détruire. En effet, Vaval, le personnage clé du carnaval est fêté pendant trois jours, mais, en dernier lieu, ce que l’on célèbre, c’est sa destruction par le feu. De même avec les chars qui seront brûlés à la fin de la fête.

Ce que nous souhaitions souligner ici, c’est le caractère presque vital de ce qui se joue dans les pratiques de mise au rebut. Ce que l’on rejette et que l’on veut voir diparaître définit les frontières d’un extérieur: la communauté se fonde sur ce qu’elle refuse de voir s’insérer en elle. En bref, il y a de la vie dans le déchet et dans les rites qui le mettent en jeu.
En d’autres termes, il n’y a de superflu que dans l’abondance. Le carnaval met en scène cette abondance vécue par tous comme un moment libérateur, peut-être parce que pendant ces quelques jours, ce qui à tout autre moment aurait été vécu comme un pur gaspillage est alors compris par tous comme un acte vital. Par extension, il est possible de considérer l’acte qui fait le déchet comme un geste qui libère, ponctuellement, celui qui jette de ce qui l’encombre. Par ce geste, l’individu marque on appartenance à une communauté, celle des consommateurs. Jeter devenant alors un moyen d’accéder à un statut privilégié, car en effet, ne jette que celui qui a possédé.

En guise de conclusion, revenons-en à des constats plus terre à terre. Un carnaval ne se fait pas sans déchets bien concrets: bouteilles platiques, emballages polistirène pour déjeuners à emporter… et la côte de Fort de France, balayée par les vents d’est s’ouvre à l’ouest sur une baie qui, sans nul doute, aura gardé quelques traces de ces jours d’euphorie nécessaire.

No comment: la transat’ en images…

samedi 20 février 2010 à 15:09

Pour les amateurs de vidéos, voilà avec un peu de retard, un résumé tout en images de la transat du Cap Vert à Tobago

Il y a le ciel, le soleil, la mer… et le tourisme !

samedi 20 février 2010 à 04:59

L’équipe de Watch the Waste remonte depuis bientôt un mois l’arc antillais. Tobago, Grenade, les Grenadines, Saint Vincent, Sainte-Lucie… un chapelet d’île aux noms qui font rêver.
Nous n’avions jamais croisé autant de voiliers que depuis que nous avons atterri dans ce que tout le monde qualifie ici d’un véritable “paradis pour la plaisance”.
Et effectivement, des îles éloignées de 40 milles au plus, un vent établi et plutôt régulier, une mer belle le plus souvent… ajouté à cela les incontournables de la carte-postale, cocotiers et sable fin. Nous y sommes, le paradis n’est plus très loin… ou presque !

De quel paradis parlons-nous? Les caraïbes offrent bel et bien un environnement qui fait rêver dans les rames des métros européens. Les îles constituent ainsi des eldorados pour travailleurs fatigués, en quête de farniente. Et rien de tel que le bateau pour se détendre un peu ! Va pour l’évasion! Mais peut-on seulement en rester à cette image sur papier glacé?

Arrivés à Prickly Bay, au sud de Grenade, le décor est planté. Dans une large baie, des centaines de bateaux sont mouillés. Certains arrivent directement depuis l’autre côté de l’océan, mais l’essentiel est constitué par des yachts de location et autres charters à la semaine. Aussi, mouiller ici, c’est un peu comme chercher à se garer dans un parking de supermarché: les places sont rares et chères !

Aux Grenadines, tout semble fait pour faciliter le quotidien des plaisanciers en congés: “Sail fast, Work less”, un slogan que l’ont peut lire un peu partout. Entre Union Island et Bequia, dans les Grenadines de Saint-Vincent, des boat-boys viennent inlasablement aux abords de chaque embarcation mouillée pour proposer du poisson frais ou des langoustes, que les touristes n’ont pas le droit de pêcher eux-mêmes. Les mêmes proposent des services de laverie, la livraison de pain frais, ou de croissants pour le lendemain matin, sans compter les invitations répétées à essayer les quelques paradis artificiels locaux. Dans les Grenadines donc, plus besoin de sortir faire ses courses, le supermarché vient jusqu’à votre échelle de bain.


Un boat-boy dans les Tobago Cays

Au coeur de cet archipel, les Tobago Cays constituent un point de passage obligé pour tous ceux qui naviguent sur ces mers. Une série de barrières de corail enrobent un lagon aux eaux translucides et protègent une faune d’une grande richesse: toutes sortes de poissons aux couleurs exotiques, tortues, raies, barracudas et autres requins peuplent ces fonds d’une rare beauté. A cette faune aquatique vient se mêler une faune touristique tout aussi dense. Des bateaux par centaines viennent passer une nuit ou deux au coeur de ce joyau aquatique.

Mais, les Tobago Cays sont aujourd’hui une réserve marine. Ce statut oblige tout visiteur à s’acquitter d’un droit d’entrée et ce afin de financer la protection du site. A cette taxe est associée un réglement strict sur la conduite à tenir dans la réserve. Ainsi, malgré le nombre gigantesque de visiteurs pour un espace si retreint, le tourisme semble, ici, participer à une forme de protection du patrimoine naturel local. Ce constat de propreté peut même être généralisé à la plupart des sites rencontrés sur notre parcours…  Comment expliquer que malgré cette fréquentation intensive, ces îles demeurent le plus souvent d’une propreté exemplaire?

Le touriste rend-il propre?
Pendant nos formalités d’entrée à Grenade, un message est répété par le fonctionnaire en poste: ici, on ne plaisante pas avec les pollutions. Des questions nous sont posées sur notre caisse à eau noire et sur nos pratiques à bord: la question des déchets est prise ici très au sérieux. Et pour cause, il ne faudrait pas gâcher la carte postale!
En quelques décennies, le tourisme est devenu pour l’ensemble de l’espace carribéen la ressource économique principale. Aujourd’hui, l’ensemble de ces pays est dépendant des flux touristiques saisonniers, et rien ne semble en passe de changer: le développement d’infratructures de transport ou l’omniprésence des boat-boys sont autant d’indices de l’avènement d’une monoéconomie dédiée aux loisirs et à la détente pour occidentaux de tous horizons.
Et, cette évolution n’est pas perçue comme négative. A propos de déchets notamment, beaucoup de ceux qui ont vu ces îles avant l’arrivée massives des bateaux de croisières et autres charters estivaux ne peuvent que constater une amélioration évidente de l’hygiène publique. Du moins, d’un point de vue esthétique et pour les espaces fréquentés quotidiennement par ces flux touristiques.

Car, en effet, si la vitrine est impécable, que dire de l’arrière boutique? Dans la plupart des îles croisées sur notre parcours, il n’existe pas de véritable sytème global de gestion des rebuts. Tantôt simple stockage, souvent un peu d’incinération à l’air libre. Les flux touristiques s’accompagnent de flux de marchandises importants. Or, en l’absence de solutions de gestion industrielle des volumes détritiques engendrés par cette économie des loisirs, comment considérer l’apparente propreté des espaces publics rencontrés? Dans de nombreux endroit croisés, dès que le visiteur quitte de quelques centaines de mètres les espaces dédiés à l’accueil des touristes, la rue est jonchée de cadavres de bouteilles et autres restes de ‘take away’ vite mangés, vite jetés. On raconte que certains boat-boys jeteraient directement à la mer le ordure confiés non sans pourboires par des plaisancier pressés: choisissant la côte Atlantique comme décharge naturelle, laissant le travail aux vents et aux courants. Dans l’univers du déchet dans les caraïbes, il semble donc y avoir deux planètes qui ne sont pas censées se rencontrer. Ainsi,  à savoir si le tourisme demeure un vecteur d’amélioration du cadre de vie des insulaires, la question doit rester ouverte. 

A cette question laissée en suspens répond une autre interrogation: est-il seulement possible de vivre dans le paradis des autres?

Une affaire à suivre !

Une nouvelle robe pour notre observatoire

dimanche 31 janvier 2010 à 23:10

Après tous ces milles parcourus depuis le départ, la carène d’Alcavelis s’est un peu usée, il est temps de remettre une couche d’antifouling. Cette peinture permet d’éviter que la carène soit souillée par les organismes marins. Le problème, c’est que ce produit présente une toxicité importante et les carénages peuvent représenter un danger pour l’environnement lorsque les résidus d’antifouling ne sont pas récupérés. En France, ces carénages « sauvages » sont théoriquement interdits mais devant l’investissement que représentent les systèmes de récupérations des eaux, la réglementation n’est pas partout respectée. Inutile de préciser qu’en descendant vers le sud, Alcavelis n’a croisé aucun chantier équipé comme tel, jusqu’à maintenant, au sud des Antilles à Grenade et Cariacou. Nous espérons revoir d’autre chantier soucieux de leur environnement en remontant vers le Nord.
Alcavelis est donc passé en arrêt technique au chantier au sud de Grenade. Lavage haute pression, ponçage, application de la première couche d’antifouling, puis de la deuxième, l’équipe « «Watch the Waste » s’adonne aux travaux manuels pendant deux jours complets. Nous profitons aussi de cette sortie pour déposer nos voiles et les faire renforcer aux points sensibles, et pour régler des petites bricoles. Arrêt éclair donc, à mi-parcours, Alcavelis à troqué son vieil habit noire contre une robe rouge toute neuve.

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