Après tous ces milles parcourus depuis le départ, la carène d’Alcavelis s’est un peu usée, il est temps de remettre une couche d’antifouling. Cette peinture permet d’éviter que la carène soit souillée par les organismes marins. Le problème, c’est que ce produit présente une toxicité importante et les carénages peuvent représenter un danger pour l’environnement lorsque les résidus d’antifouling ne sont pas récupérés. En France, ces carénages « sauvages » sont théoriquement interdits mais devant l’investissement que représentent les systèmes de récupérations des eaux, la réglementation n’est pas partout respectée. Inutile de préciser qu’en descendant vers le sud, Alcavelis n’a croisé aucun chantier équipé comme tel, jusqu’à maintenant, au sud des Antilles à Grenade et Cariacou. Nous espérons revoir d’autre chantier soucieux de leur environnement en remontant vers le Nord.
Alcavelis est donc passé en arrêt technique au chantier au sud de Grenade. Lavage haute pression, ponçage, application de la première couche d’antifouling, puis de la deuxième, l’équipe « «Watch the Waste » s’adonne aux travaux manuels pendant deux jours complets. Nous profitons aussi de cette sortie pour déposer nos voiles et les faire renforcer aux points sensibles, et pour régler des petites bricoles. Arrêt éclair donc, à mi-parcours, Alcavelis à troqué son vieil habit noire contre une robe rouge toute neuve.
Archive pour janvier 2010
Une nouvelle robe pour notre observatoire
Dimanche 31 janvier 2010Une transatlantique en chiffres et en déchets…
Dimanche 31 janvier 2010Avec un peu de retard, voici les dernières nouvelles de l’expédition Atlantique de Watch the Waste !
Partis le 7 janvier de Mindelo sur l’île de Sao Vicente au Cap Vert, c’est quinze petits jours plus tard, le 22 janvier, que nous avons retrouvé la terre, de l’autre côté de l’océan. C’est depuis Port Louis, à Saint George, sur l’île de Grenada, que l’équipage trouve enfin le temps d’écrire le récit de cette traversée vers l’ouest.
Nous avons eu la chance de rencontrer des conditions très favorables: les alizés nous ont porté, comme prévu, avec régularité jusqu’à destination. Le vent, oscillant de Nord Est à Est Sud Est est resté autour des 25 noeuds. Seule la mer croisée est venue régulièrement troubler la quiétude de l’embarcation.
Il a donc fallu barrer pendant l’essentiel de cette transatlantique ! Nos pilotes automatiques se laissant trop souvent embarquer et rendant acrobatique toute forme d’activité dans l’habitacle, la barre s’est imposée comme solution pour maintenir un calme relatif dans le carré. Mais à quatre, les quarts de 2 heures ne sont pas trop contraignants. Chacun pouvant pendant 6 heures mener sa vie comme il l’entend: lire, manger, dormir, cuisiner… Le rythme de la vie à bord s’est donc mis au tempo d’une traversée océanique plutôt sportive : une simple question d’endurance !
Parce qu’il serait fastidieux de raconter ici les quelques centaines de manoeuvres effectuées, les grains traversés, les coups de chaud subits et autres pétoles de nuit, soulignons simplement qu’Alcavelis a filé un petit 6 noeuds de moyenne sur l’ensemble de cette transatlantique !
Au large, toujours des déchets…
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Non, Watch the Waste n’a pas encore traversé un continent de déchets. Aucun garbage patch n’a été identifié sur cette première traversée océanique. Mais, le contraire aurait été pour tous une grande surprise ! Néanmoins, au fil des jours, c’est une dizaine d’objets flottants que l’équipage a pu recenser, et ce à plus de 500 milles nautique de toute côte. Là encore, la récolte reste comparable aux précédentes: bouteilles plastiques, polystirène, pot de peinture ou encore couvercles orphelins, autant de traces de l’homme dans un environnement apparemment désertique. Une perle toutefois : le 14 janvier à 16h17, Watch the Waste a croisé une chaussure de basket, en plein milieu de l’ATlantique !
Si chacun peut penser qu’une dizaine de déchets observés sur quinze jours reste un résultat bien maigre, il faut considérer que ces constats n’ont pû être effectués que sur une proportion très symbolique de l’océan. Notre champ d’observation se limite à une vingtaine de mètres autour du bateau. Et il n’est possible d’observer ce qui flotte à la surface de l’eau qu’avec la lumière du jour.
Ces différentes contraintes nous ont poussé à sortir notre calculatrice pour proposer à nos lecteurs, une fois n’est pas coutume, quelques chiffres à prendre avec des pincettes !
Sur une distance totale de 2200 milles, nous avons balayé une surface d’océan de 165km² environ. Si on ne prend en compte que les périodes de jour, où l’observation des déchets est possible, ce chiffre retombe à 83km². L’Atlantique s’étend sur environ 106 millions de km². Après calcul, nous avons donc pû observer 0,00007% du désert océanique ! En extrapolant ce chiffre, si l’on considère que l’on croise une dizaine de déchets sur 0,00007% de l’océan, il devrait être possible de comptabiliser plus de 13 millions d’objets flottants, à la dérive sur l’Atlantique !
Bien que le caractère scientifique de ces données soit très largement discutable, elles constituent un point de repère pour cette première expérience d’observation des déchets transocéanique. Et il ne s’agit ici que des résidus visibles !
Pour ce qui est des micro-particules plastiques, nous avons effectué différents prélèvements planctoniques au fil de la traversée. Les analyses de densité seront faites dès notre retour, et nous pourrons alors proposer des résultats plus fiables.
Les déchets d’à bord !
Cette première expérience de navigation de longue durée a été pour nous l’occasion de nous confronter à nos propres déchets. Vivre à quatre pendant quinze jours sur un espace de quelques mètres carrés implique une reflexion sur la gestion des détritus à bord. Si les résidus organiques peuvent être, sans culpabilité, jetés directement à l’eau, que faire de ce qui constitue aujourd’hui le volume essentiel de notre production détritique: les emballages !
Au fil des jours, les coffres arrières du bateau se sont emplis de ces restes jusqu’à saturation. Les deux derniers sacs poubelles ont donc finit dans un des placards intérieurs, qui n’a, bien sûr, pas manqué de s’ouvrir et de se répandre dans l’habitacle après quelques départs au lof incontrollés ! Quelques jours de plus, et la perpsective de l’envahissement détritque aurait bien pû devenir une réalité ! Au bilan, nous avons généré près de 8kg de déchets d’emballage auxquels il faut associer une douzaine de kilogrammes de verre. Soit 20 kg environ pour une quinzaine à quatre. Rapporté aux 353kg de déchets annuels produits par chaque français (Source:ADEME), notre moyenne est plutôt bonne! Mais il reste intéressant de constater que malgré nos conditions de vie très particulières, nous n’avons pû échapper à cette production détritique, qui caractérise aujourd’hui encore, notre mode de vie.
A ce bilan, il faut ajouter ce que nous n’avons pas sû garder à bord ! Une écoute de spi perdue par 4000 mètres de fond et dont le mousqueton a cédé après un affalage approximatif; et un seau (en plastique!) dont l’anse s’est décrochée en plein remplissage. Cette dernière fortune de mer (si de fortune de mer il s’agit!) a été l’objet d’une tentative échouée de récupération: affalage du spi, et remontée au près sur quelques milles n’auront pas suffit à retrouver notre seau !
Bref, de quoi donner du crédit au principe de l’arroseur arrosé !
Terre en vue !
Après quinze jours où, pour seul horizon, s’étendait tout autour de nous le cercle océanique, la terre est apparue. Tobago et sa côte nord encore sauvage nous ont offert un spectacle mémorable. Des collines abruptes tombant dans l’eau où se concentrent une végétation tropicale luxuriante. Et bien que Colomb n’y ai jamais mis les pieds, à bord, le sentiment d’être dans les pas des découvreurs de l’Amérique !
Mais, très vite, les rêves d’aventures ont perdu de leur superbe et, à peine le pied posé à terre, la réalité du monde contemporain s’est rappelée à nos souvenirs. De gros 4×4, des baraques proposant au visiteur des fish’n chips et autres guest houses jalonnent la côte de Charlotteville. Le tourisme s’est ici imposé comme norme, et ce, en moins de dix ans. Nous ne resterons que quelques jours à Tobago pour reprendre quelques forces et commencer rapidement notre remontée vers le Nord…
Bienvenue dans les Caraïbes !
Boas Festas !
Vendredi 1 janvier 2010Un petit mot pour donner quelques nouvelles de l’équipe de Watch the Waste, après bientôt deux semaines au Cap Vert !
Ici, les connexions internet sont rares, et la mise a jour du site a pris du retard… mais nous tacherons très vite de vous proposer un résumé de notre traversée du Cap Vert au Cap Vert ! Et bientôt les images de notre passage inoubliable sur les îles de la Morabeza !
Arrivés quelques jours avant Noël dans cet archipel étonnant, l’équipage s’est laissé prendre au rythme nonchalant de la vie capverdienne. Alcavelis a d’abord posé l’ancre à Palmeira, sur l’île de Sal, pour rejoindre ensuite Santa Maria. Noël a été fêté comme il se doit, sur l’île de Sao Nicolau. Mais c’est depuis Mindelo sur Sao Vicente que nous vous écrivons ces quelques lignes, au lendemain d’un réveillon haut en couleurs, festif et dansant: nous nous sommes mélés à la célébration d’une nouvelle année qui promet encore beaucoup de surprises. L’équipe s’accorde encore quelques jours de repos en attendant le grand saut pour l’autre côté de l’Atlantique ! Les préparatifs de la première transatlantique de Watch the Waste débuteront en début de semaine prochaine…
Une très belle année à tous… Boas Festas !