Archive pour novembre 2009

Les canaries ont plusieurs vies!

Jeudi 19 novembre 2009

 

Après notre escale d’une semaine à Madère, nous sommes partis pour une traversée express vers l’archipel canarien. En effet, la direction et la force du vent nous ont permis de tirer tout le potentiel de notre bateau. Les conditions de mer nous semblaient toutefois propices à l’observation et pourtant…rien. Sur nos 3 jours de navigation, nous n’avons croisé aucun déchet. Le bilan est tout aussi maigre concernant la faune, dans cette zone située au cœur des alizés portugais, réputée poissonneuse,  aucune trace de vie dans le sillage d’Alcavelis. Simple fait du hasard ou conditions particulières, nous serons d’autant plus attentifs lors de notre navigation vers le Sénégal qui rencontrera des conditions de vents et de courants similaires.

Arrivé par le nord de Lanzarote, l’équipage de Watch the Waste découvre un archipel à deux visages. Tout commence par un paysage lunaire, un amoncellement volcanique désertique aride et vierge de toute présence humaine, puis vient un espace bétonné, sacrifié pour contenir l’explosion touristique des iles. Notre escale de deux jours à Puerto Castillo, au milieu de la côte Est de l’île de Fuerteventura nous a plongés en plein cœur de l’industrie touristique qui s’y développe.  La ville y est entièrement dédiée, aucune place pour les locaux entre les rangées de bungalows. Bien que nous n’ayons visité que Lanzarote et Fuerteventura, les Canaries ont vraisemblablement fait le choix d’un tourisme à la chaîne et une préservation du littoral à deux vitesses. Et dire que nous ne sommes qu’à 50 milles de l’Afrique…

Partout ou nous avons mis pied à terre, le tri des déchets était en place. Les plages et marinas des zones touristiques nous ont semblé propres tout comme le littoral en général, souvent décrété réserve naturelle. Rien d’alarmant non plus le long des côtes plus urbanisées longées par Alcavelis. Peut-être n’aurions nous pas tiré le même bilan de Grande Canaria et de Tenerife, les deux plus grosses îles de l’archipel. Nous ne manquerons pas d’en  parler avec les plaisanciers qui s’y sont aventurés.
Car contrairement à notre escale à Madère, nous avons rencontrés peu de grands voyageurs au cours de cette escale. Notre base de données de déchets flottants devra donc attendre Dakar pour réunir de nouveaux partisans et retrouver les acteurs existants.

Nous nous préparons donc à la plus longue navigation depuis le début de l’expédition, 7 jours de mer pour parcourir les 900 milles nous séparant de la capitale sénégalaise. Une étape que l’équipe Watch the Waste attend avec hâte tant elle s’annonce enrichissante à tous points de vue.

Suivi GPS : quelques petits soucis…

Mercredi 18 novembre 2009

Petit incident technique !

Certains lecteurs nous ont informés de l’absence de tracking GPS depuis le 12 novembre… En effet, notre balise de suivi semble avoir quelques problèmes de transmission. Nous sommes en train d’essayer de résoudre ce problème ! Les services DoLink ont été contactés et devraient récupérer notre trace très prochainement.

Nous sommes actuellement à Puerto del Rosario, capitale de l’ile de Fuerteventura, aux Canaries. Départ prévu demain jeudi 19 novembre pour le Sénégal. Nous espérons que vous pourrez nous suivre pendant cette traversée qui devrait durer une bonne semaine !

A très bientôt !

De Madère aux Canaries…

Mardi 10 novembre 2009

Départ prévu ce jour pour Lanzarote ! Avant de prendre la mer, voici quelques remarques sur ce que nous avons pu voir des déchets à Madère…

Près de 300000 personnes vivent sur l’île principale de l’archipel. Pour une île d’environ 750km², la forte densité de population a obligé les autorités régionales à mettre en place des solutions intégrées de gestion des rebuts quotidiens et industriels. On retrouve deux centres d’incinération sur ce caillou posé au milieu de l’Atlantique.

L’économie de l’île est avant tout orientée autour du tourisme (près de 20% du PIB). La pollution du littoral est ainsi un enjeu vital pour chacun. Les paysages grandioses ne sauraient être mis en cause par la présence de débris de la vie terrestre. De nombreuses informations sont observables dans les rues et à proximité des centres de vie: un seul mot d’ordre, le tri sélectif et la gestion raisonnée des déchets. Les centres d’incinération de l’île sont donc alimentés par des déchets propres !

En effet, ici, rien n’existe pour mettre en place un processus de recyclage industrialisé. Le produit du tri permet donc simplement de fournir un meilleur rendement aux incinérateurs. Ceux-ci produisent une énergie qui est encore loin de subvenir aux besoins de consommation de l’île.

L’incinération produit des résidus, déchets ultimes, souvent toxiques. Ici, il n’y a pas assez d’espace pour construire des centres de stockages adaptés. Ces débris de débris, ces restes du reste sont donc renvoyés à terre, généralement par bateau jusqu’au continent.

Ce que nous consommons ici voyage donc beaucoup !

Inspirés par ces aller-retours impromptus, nous quittons Madère dans quelques heures pour rejoindre un des eldorados du tourisme de masse: les Canaries !

A très vite pour la suite !

Sur un air de Madère…

Vendredi 6 novembre 2009

Partis de Lisbonne le samedi 31 octobre, c’est le mercredi suivant au petit matin que l’équipe de Watch The Waste a mis pied à terre dans le port de Porto Santo, petite ile volcanique à seulement 20 milles de Madère. Arrivés en fin de journée à l’Est de ‘la Perle de l’Atlantique’, nous souhaitions partager avec nos lecteurs un résumé de cette traversée qui nous aura permis de rejoindre un archipel aux airs de bout du monde…

Ces quatre jours de mer nous ont offerts, comme à l’accoutumée, des conditions variées mais néanmoins un peu plus propices à l’observation des déchets. Par petit temps, le constat est bien là : malgré l’éloignement des côtes et le peu de bateaux croisés, de nombreux déchets dérivent à la surface des eaux. Bouteilles et sacs en plastique, bouées de pêcheur, cagette en bois sont les déchets les plus couramment observés. Nous notons, pour chaque déchet rencontré, sa position GPS, ses caractéristiques et, dans la mesure du possible, le prenons en photos. Dans une nature d’apparence intacte et non dégradée par la présence humaine, chaque déchet rencontré nous rappel à quel point les éléments interagissent entre eux. La mer, par l’effet des courants marins, se retrouve indirectement touchée par les actions de l’homme sur le continent. Comme un alpiniste croisant des déchets en haut d’un sommet, les rares visiteurs de l’océan ne peuvent qu’être marqués par cette situation.

A la sortie de l’embouchure du Tage, c’est sur une mer parsemée de déchets que notre navigation commence. Nous constatons que de petites grappes de débris apparaissent régulièrement aux abords du bateau: morceaux plastiques et autres résidus de la vie urbaine s’amoncellent, toutes les dix minutes, par paquets. Les quelques clichés que nous avons alors tenté de réaliser ne sont malheureusement que trop peu parlants. Ces agglomérats restent ici caractéristiques des phénomènes observés sur les littoraux urbanisés.

Lors de cette navigation nous avons pû tester notre protocole d’échantillonnage macroscopique des déchets flottants. Grâce à une installation très simple, nous délimitons une zone d’observation d’environ trois mètres de largeur nous permettant d’établir des statistiques sur la densité de déchets croisés sur notre route.

Protocole dit du “bout dehors”. Mesures de la concentration macrodétritique sur un espace témoin.

Avec le large, les grappes de déchets laissent la place au calme d’un horizon bleuté. Néanmoins, nous croiserons pendant notre traversée de près de 4 jours une dizaine de macrodéchets, isolés à plusieurs centaines de milles de toute côte. Il s’agit pour l’essentiel de résidus qui nous apparaissent d’origine maritime : morceaux de mousse polystirène servant à l’isolation des navires et autres boules de pêche constituant l’essentiel de notre récolte.

Morceau de polystirène: déchet récupéré à bord d’Alcavelis.

Le dernier jour de navigation a été marqué par une rencontre inattendue entre l’équipage et une tortue marine. Nous l’observons et constatons qu’un seau en plastique semble accroché autour d’elle. A notre vitesse, nous les perdons très vite de vue et il est immédiatement décidé de les retrouver. Nous affalons à la hâte le spi puis retournons sur notre trace en tirant des bords. Chacun scrute au loin à la recherche de la tortue piégée et, au bout d’une dizaine de minutes, une tache noire se présente sur notre tribord. La voici! Elle nage paisiblement. Nous sommes rassurés, le seau dérivait près d’elle mais sans l’avoir piégé, heureusement (là encore, les conditions de mer et la rapidité de la manoeuvre ont très largement limité la qualité de nos prises de vues… l’équipage ne perd pas espoir d’améliorer rapidement ses compétences en cadrage…!). Après cette manœuvre peu commune, nous reprenons notre route en direction de Porto Santo,  ne pouvant que constater que de telles créatures peuvent à tout moment se faire piéger par un ennemi trop présent : le déchet.

Sur les pontons de Porto Santo,  nous ne rencontrons que des navigateurs de haute mer. Nous commençons à échanger avec les uns et les autres autour du projet PODEM. La question des déchets semble ici concerner chacun, tout simplement. Certains s’engagent dès maintenant à nous transmettre les positions des détritus croisés sur leur route. Grâce à ces nouveaux observateurs, nous espérons pouvoir enrichir la base de données que nous avons commencé à développer. Bientôt, sur notre carte de suivi, vous pourrez consulter en temps réel (ou presque) nos premiers résultats.

A très bientôt pour la suite !