Après notre escale d’une semaine à Madère, nous sommes partis pour une traversée express vers l’archipel canarien. En effet, la direction et la force du vent nous ont permis de tirer tout le potentiel de notre bateau. Les conditions de mer nous semblaient toutefois propices à l’observation et pourtant…rien. Sur nos 3 jours de navigation, nous n’avons croisé aucun déchet. Le bilan est tout aussi maigre concernant la faune, dans cette zone située au cœur des alizés portugais, réputée poissonneuse, aucune trace de vie dans le sillage d’Alcavelis. Simple fait du hasard ou conditions particulières, nous serons d’autant plus attentifs lors de notre navigation vers le Sénégal qui rencontrera des conditions de vents et de courants similaires.
Arrivé par le nord de Lanzarote, l’équipage de Watch the Waste découvre un archipel à deux visages. Tout commence par un paysage lunaire, un amoncellement volcanique désertique aride et vierge de toute présence humaine, puis vient un espace bétonné, sacrifié pour contenir l’explosion touristique des iles. Notre escale de deux jours à Puerto Castillo, au milieu de la côte Est de l’île de Fuerteventura nous a plongés en plein cœur de l’industrie touristique qui s’y développe. La ville y est entièrement dédiée, aucune place pour les locaux entre les rangées de bungalows. Bien que nous n’ayons visité que Lanzarote et Fuerteventura, les Canaries ont vraisemblablement fait le choix d’un tourisme à la chaîne et une préservation du littoral à deux vitesses. Et dire que nous ne sommes qu’à 50 milles de l’Afrique…
Partout ou nous avons mis pied à terre, le tri des déchets était en place. Les plages et marinas des zones touristiques nous ont semblé propres tout comme le littoral en général, souvent décrété réserve naturelle. Rien d’alarmant non plus le long des côtes plus urbanisées longées par Alcavelis. Peut-être n’aurions nous pas tiré le même bilan de Grande Canaria et de Tenerife, les deux plus grosses îles de l’archipel. Nous ne manquerons pas d’en parler avec les plaisanciers qui s’y sont aventurés.
Car contrairement à notre escale à Madère, nous avons rencontrés peu de grands voyageurs au cours de cette escale. Notre base de données de déchets flottants devra donc attendre Dakar pour réunir de nouveaux partisans et retrouver les acteurs existants.
Nous nous préparons donc à la plus longue navigation depuis le début de l’expédition, 7 jours de mer pour parcourir les 900 milles nous séparant de la capitale sénégalaise. Une étape que l’équipe Watch the Waste attend avec hâte tant elle s’annonce enrichissante à tous points de vue.