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De Madère aux Canaries…

mardi 10 novembre 2009 à 12:50

Départ prévu ce jour pour Lanzarote ! Avant de prendre la mer, voici quelques remarques sur ce que nous avons pu voir des déchets à Madère…

Près de 300000 personnes vivent sur l’île principale de l’archipel. Pour une île d’environ 750km², la forte densité de population a obligé les autorités régionales à mettre en place des solutions intégrées de gestion des rebuts quotidiens et industriels. On retrouve deux centres d’incinération sur ce caillou posé au milieu de l’Atlantique.

L’économie de l’île est avant tout orientée autour du tourisme (près de 20% du PIB). La pollution du littoral est ainsi un enjeu vital pour chacun. Les paysages grandioses ne sauraient être mis en cause par la présence de débris de la vie terrestre. De nombreuses informations sont observables dans les rues et à proximité des centres de vie: un seul mot d’ordre, le tri sélectif et la gestion raisonnée des déchets. Les centres d’incinération de l’île sont donc alimentés par des déchets propres !

En effet, ici, rien n’existe pour mettre en place un processus de recyclage industrialisé. Le produit du tri permet donc simplement de fournir un meilleur rendement aux incinérateurs. Ceux-ci produisent une énergie qui est encore loin de subvenir aux besoins de consommation de l’île.

L’incinération produit des résidus, déchets ultimes, souvent toxiques. Ici, il n’y a pas assez d’espace pour construire des centres de stockages adaptés. Ces débris de débris, ces restes du reste sont donc renvoyés à terre, généralement par bateau jusqu’au continent.

Ce que nous consommons ici voyage donc beaucoup !

Inspirés par ces aller-retours impromptus, nous quittons Madère dans quelques heures pour rejoindre un des eldorados du tourisme de masse: les Canaries !

A très vite pour la suite !

Sur un air de Madère…

vendredi 06 novembre 2009 à 21:49

Partis de Lisbonne le samedi 31 octobre, c’est le mercredi suivant au petit matin que l’équipe de Watch The Waste a mis pied à terre dans le port de Porto Santo, petite ile volcanique à seulement 20 milles de Madère. Arrivés en fin de journée à l’Est de ‘la Perle de l’Atlantique’, nous souhaitions partager avec nos lecteurs un résumé de cette traversée qui nous aura permis de rejoindre un archipel aux airs de bout du monde…

Ces quatre jours de mer nous ont offerts, comme à l’accoutumée, des conditions variées mais néanmoins un peu plus propices à l’observation des déchets. Par petit temps, le constat est bien là : malgré l’éloignement des côtes et le peu de bateaux croisés, de nombreux déchets dérivent à la surface des eaux. Bouteilles et sacs en plastique, bouées de pêcheur, cagette en bois sont les déchets les plus couramment observés. Nous notons, pour chaque déchet rencontré, sa position GPS, ses caractéristiques et, dans la mesure du possible, le prenons en photos. Dans une nature d’apparence intacte et non dégradée par la présence humaine, chaque déchet rencontré nous rappel à quel point les éléments interagissent entre eux. La mer, par l’effet des courants marins, se retrouve indirectement touchée par les actions de l’homme sur le continent. Comme un alpiniste croisant des déchets en haut d’un sommet, les rares visiteurs de l’océan ne peuvent qu’être marqués par cette situation.

A la sortie de l’embouchure du Tage, c’est sur une mer parsemée de déchets que notre navigation commence. Nous constatons que de petites grappes de débris apparaissent régulièrement aux abords du bateau: morceaux plastiques et autres résidus de la vie urbaine s’amoncellent, toutes les dix minutes, par paquets. Les quelques clichés que nous avons alors tenté de réaliser ne sont malheureusement que trop peu parlants. Ces agglomérats restent ici caractéristiques des phénomènes observés sur les littoraux urbanisés.

Lors de cette navigation nous avons pû tester notre protocole d’échantillonnage macroscopique des déchets flottants. Grâce à une installation très simple, nous délimitons une zone d’observation d’environ trois mètres de largeur nous permettant d’établir des statistiques sur la densité de déchets croisés sur notre route.

Protocole dit du “bout dehors”. Mesures de la concentration macrodétritique sur un espace témoin.

Avec le large, les grappes de déchets laissent la place au calme d’un horizon bleuté. Néanmoins, nous croiserons pendant notre traversée de près de 4 jours une dizaine de macrodéchets, isolés à plusieurs centaines de milles de toute côte. Il s’agit pour l’essentiel de résidus qui nous apparaissent d’origine maritime : morceaux de mousse polystirène servant à l’isolation des navires et autres boules de pêche constituant l’essentiel de notre récolte.

Morceau de polystirène: déchet récupéré à bord d’Alcavelis.

Le dernier jour de navigation a été marqué par une rencontre inattendue entre l’équipage et une tortue marine. Nous l’observons et constatons qu’un seau en plastique semble accroché autour d’elle. A notre vitesse, nous les perdons très vite de vue et il est immédiatement décidé de les retrouver. Nous affalons à la hâte le spi puis retournons sur notre trace en tirant des bords. Chacun scrute au loin à la recherche de la tortue piégée et, au bout d’une dizaine de minutes, une tache noire se présente sur notre tribord. La voici! Elle nage paisiblement. Nous sommes rassurés, le seau dérivait près d’elle mais sans l’avoir piégé, heureusement (là encore, les conditions de mer et la rapidité de la manoeuvre ont très largement limité la qualité de nos prises de vues… l’équipage ne perd pas espoir d’améliorer rapidement ses compétences en cadrage…!). Après cette manœuvre peu commune, nous reprenons notre route en direction de Porto Santo,  ne pouvant que constater que de telles créatures peuvent à tout moment se faire piéger par un ennemi trop présent : le déchet.

Sur les pontons de Porto Santo,  nous ne rencontrons que des navigateurs de haute mer. Nous commençons à échanger avec les uns et les autres autour du projet PODEM. La question des déchets semble ici concerner chacun, tout simplement. Certains s’engagent dès maintenant à nous transmettre les positions des détritus croisés sur leur route. Grâce à ces nouveaux observateurs, nous espérons pouvoir enrichir la base de données que nous avons commencé à développer. Bientôt, sur notre carte de suivi, vous pourrez consulter en temps réel (ou presque) nos premiers résultats.

A très bientôt pour la suite !

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