No comment: la transat’ en images…

20 février 2010

Pour les amateurs de vidéos, voilà avec un peu de retard, un résumé tout en images de la transat du Cap Vert à Tobago

Il y a le ciel, le soleil, la mer… et le tourisme !

20 février 2010

L’équipe de Watch the Waste remonte depuis bientôt un mois l’arc antillais. Tobago, Grenade, les Grenadines, Saint Vincent, Sainte-Lucie… un chapelet d’île aux noms qui font rêver.
Nous n’avions jamais croisé autant de voiliers que depuis que nous avons atterri dans ce que tout le monde qualifie ici d’un véritable “paradis pour la plaisance”.
Et effectivement, des îles éloignées de 40 milles au plus, un vent établi et plutôt régulier, une mer belle le plus souvent… ajouté à cela les incontournables de la carte-postale, cocotiers et sable fin. Nous y sommes, le paradis n’est plus très loin… ou presque !

De quel paradis parlons-nous? Les caraïbes offrent bel et bien un environnement qui fait rêver dans les rames des métros européens. Les îles constituent ainsi des eldorados pour travailleurs fatigués, en quête de farniente. Et rien de tel que le bateau pour se détendre un peu ! Va pour l’évasion! Mais peut-on seulement en rester à cette image sur papier glacé?

Arrivés à Prickly Bay, au sud de Grenade, le décor est planté. Dans une large baie, des centaines de bateaux sont mouillés. Certains arrivent directement depuis l’autre côté de l’océan, mais l’essentiel est constitué par des yachts de location et autres charters à la semaine. Aussi, mouiller ici, c’est un peu comme chercher à se garer dans un parking de supermarché: les places sont rares et chères !

Aux Grenadines, tout semble fait pour faciliter le quotidien des plaisanciers en congés: “Sail fast, Work less”, un slogan que l’ont peut lire un peu partout. Entre Union Island et Bequia, dans les Grenadines de Saint-Vincent, des boat-boys viennent inlasablement aux abords de chaque embarcation mouillée pour proposer du poisson frais ou des langoustes, que les touristes n’ont pas le droit de pêcher eux-mêmes. Les mêmes proposent des services de laverie, la livraison de pain frais, ou de croissants pour le lendemain matin, sans compter les invitations répétées à essayer les quelques paradis artificiels locaux. Dans les Grenadines donc, plus besoin de sortir faire ses courses, le supermarché vient jusqu’à votre échelle de bain.


Un boat-boy dans les Tobago Cays

Au coeur de cet archipel, les Tobago Cays constituent un point de passage obligé pour tous ceux qui naviguent sur ces mers. Une série de barrières de corail enrobent un lagon aux eaux translucides et protègent une faune d’une grande richesse: toutes sortes de poissons aux couleurs exotiques, tortues, raies, barracudas et autres requins peuplent ces fonds d’une rare beauté. A cette faune aquatique vient se mêler une faune touristique tout aussi dense. Des bateaux par centaines viennent passer une nuit ou deux au coeur de ce joyau aquatique.

Mais, les Tobago Cays sont aujourd’hui une réserve marine. Ce statut oblige tout visiteur à s’acquitter d’un droit d’entrée et ce afin de financer la protection du site. A cette taxe est associée un réglement strict sur la conduite à tenir dans la réserve. Ainsi, malgré le nombre gigantesque de visiteurs pour un espace si retreint, le tourisme semble, ici, participer à une forme de protection du patrimoine naturel local. Ce constat de propreté peut même être généralisé à la plupart des sites rencontrés sur notre parcours…  Comment expliquer que malgré cette fréquentation intensive, ces îles demeurent le plus souvent d’une propreté exemplaire?

Le touriste rend-il propre?
Pendant nos formalités d’entrée à Grenade, un message est répété par le fonctionnaire en poste: ici, on ne plaisante pas avec les pollutions. Des questions nous sont posées sur notre caisse à eau noire et sur nos pratiques à bord: la question des déchets est prise ici très au sérieux. Et pour cause, il ne faudrait pas gâcher la carte postale!
En quelques décennies, le tourisme est devenu pour l’ensemble de l’espace carribéen la ressource économique principale. Aujourd’hui, l’ensemble de ces pays est dépendant des flux touristiques saisonniers, et rien ne semble en passe de changer: le développement d’infratructures de transport ou l’omniprésence des boat-boys sont autant d’indices de l’avènement d’une monoéconomie dédiée aux loisirs et à la détente pour occidentaux de tous horizons.
Et, cette évolution n’est pas perçue comme négative. A propos de déchets notamment, beaucoup de ceux qui ont vu ces îles avant l’arrivée massives des bateaux de croisières et autres charters estivaux ne peuvent que constater une amélioration évidente de l’hygiène publique. Du moins, d’un point de vue esthétique et pour les espaces fréquentés quotidiennement par ces flux touristiques.

Car, en effet, si la vitrine est impécable, que dire de l’arrière boutique? Dans la plupart des îles croisées sur notre parcours, il n’existe pas de véritable sytème global de gestion des rebuts. Tantôt simple stockage, souvent un peu d’incinération à l’air libre. Les flux touristiques s’accompagnent de flux de marchandises importants. Or, en l’absence de solutions de gestion industrielle des volumes détritiques engendrés par cette économie des loisirs, comment considérer l’apparente propreté des espaces publics rencontrés? Dans de nombreux endroit croisés, dès que le visiteur quitte de quelques centaines de mètres les espaces dédiés à l’accueil des touristes, la rue est jonchée de cadavres de bouteilles et autres restes de ‘take away’ vite mangés, vite jetés. On raconte que certains boat-boys jeteraient directement à la mer le ordure confiés non sans pourboires par des plaisancier pressés: choisissant la côte Atlantique comme décharge naturelle, laissant le travail aux vents et aux courants. Dans l’univers du déchet dans les caraïbes, il semble donc y avoir deux planètes qui ne sont pas censées se rencontrer. Ainsi,  à savoir si le tourisme demeure un vecteur d’amélioration du cadre de vie des insulaires, la question doit rester ouverte. 

A cette question laissée en suspens répond une autre interrogation: est-il seulement possible de vivre dans le paradis des autres?

Une affaire à suivre !

Une nouvelle robe pour notre observatoire

31 janvier 2010

Après tous ces milles parcourus depuis le départ, la carène d’Alcavelis s’est un peu usée, il est temps de remettre une couche d’antifouling. Cette peinture permet d’éviter que la carène soit souillée par les organismes marins. Le problème, c’est que ce produit présente une toxicité importante et les carénages peuvent représenter un danger pour l’environnement lorsque les résidus d’antifouling ne sont pas récupérés. En France, ces carénages « sauvages » sont théoriquement interdits mais devant l’investissement que représentent les systèmes de récupérations des eaux, la réglementation n’est pas partout respectée. Inutile de préciser qu’en descendant vers le sud, Alcavelis n’a croisé aucun chantier équipé comme tel, jusqu’à maintenant, au sud des Antilles à Grenade et Cariacou. Nous espérons revoir d’autre chantier soucieux de leur environnement en remontant vers le Nord.
Alcavelis est donc passé en arrêt technique au chantier au sud de Grenade. Lavage haute pression, ponçage, application de la première couche d’antifouling, puis de la deuxième, l’équipe « «Watch the Waste » s’adonne aux travaux manuels pendant deux jours complets. Nous profitons aussi de cette sortie pour déposer nos voiles et les faire renforcer aux points sensibles, et pour régler des petites bricoles. Arrêt éclair donc, à mi-parcours, Alcavelis à troqué son vieil habit noire contre une robe rouge toute neuve.

Une transatlantique en chiffres et en déchets…

31 janvier 2010

Avec un peu de retard, voici les dernières nouvelles de l’expédition Atlantique de Watch the Waste !
Partis le 7 janvier de Mindelo sur l’île de Sao Vicente au Cap Vert, c’est quinze petits jours plus tard, le 22 janvier, que nous avons retrouvé la terre, de l’autre côté de l’océan. C’est depuis Port Louis, à Saint George, sur l’île de Grenada, que l’équipage trouve enfin le temps d’écrire le récit de cette traversée vers l’ouest.

Nous avons eu la chance de rencontrer des conditions très favorables: les alizés nous ont porté, comme prévu, avec régularité jusqu’à destination. Le vent, oscillant de Nord Est à Est Sud Est est resté autour des 25 noeuds. Seule la mer croisée est venue régulièrement troubler la quiétude de l’embarcation.

Il a donc fallu barrer pendant l’essentiel de cette transatlantique ! Nos pilotes automatiques se laissant trop souvent embarquer et rendant acrobatique toute forme d’activité dans l’habitacle, la barre s’est imposée comme solution pour maintenir un calme relatif dans le carré. Mais à quatre, les quarts de 2 heures ne sont pas trop contraignants. Chacun pouvant pendant 6 heures mener sa vie comme il l’entend: lire, manger, dormir, cuisiner… Le rythme de la vie à bord s’est donc mis au tempo d’une traversée océanique plutôt sportive : une simple question d’endurance !

Parce qu’il serait fastidieux de raconter ici les quelques centaines de manoeuvres effectuées, les grains traversés, les coups de chaud subits et autres pétoles de nuit, soulignons simplement qu’Alcavelis a filé un petit 6 noeuds de moyenne sur l’ensemble de cette transatlantique !

Au large, toujours des déchets…
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Non, Watch the Waste n’a pas encore traversé un continent de déchets. Aucun garbage patch n’a été identifié sur cette première traversée océanique. Mais, le contraire aurait été pour tous une grande surprise ! Néanmoins, au fil des jours, c’est une dizaine d’objets flottants que l’équipage a pu recenser, et ce à plus de 500 milles nautique de toute côte. Là encore, la récolte reste comparable aux précédentes: bouteilles plastiques, polystirène, pot de peinture ou encore couvercles orphelins, autant de traces de l’homme dans un environnement apparemment désertique. Une perle toutefois : le 14 janvier à 16h17, Watch the Waste a croisé une chaussure de basket, en plein milieu de l’ATlantique !

Si chacun peut penser qu’une dizaine de déchets observés sur quinze jours reste un résultat bien maigre, il faut considérer que ces constats n’ont pû être effectués que sur une proportion très symbolique de l’océan. Notre champ d’observation se limite à une vingtaine de mètres autour du bateau. Et il n’est possible d’observer ce qui flotte à la surface de l’eau qu’avec la lumière du jour.

Ces différentes contraintes nous ont poussé à sortir notre calculatrice pour proposer à nos lecteurs, une fois n’est pas coutume, quelques chiffres à prendre avec des pincettes !

Sur une distance totale de 2200 milles, nous avons balayé une surface d’océan de 165km² environ. Si on ne prend en compte que les périodes de jour, où l’observation des déchets est possible, ce chiffre retombe à 83km². L’Atlantique s’étend sur environ 106 millions de km². Après calcul, nous avons donc pû observer 0,00007% du désert océanique ! En extrapolant ce chiffre, si l’on considère que l’on croise une dizaine de déchets sur 0,00007% de l’océan, il devrait être possible de comptabiliser plus de 13 millions d’objets flottants, à la dérive sur l’Atlantique !

Bien que le caractère scientifique de ces données soit très largement discutable, elles constituent un point de repère pour cette première expérience d’observation des déchets transocéanique. Et il ne s’agit ici que des résidus visibles !

Pour ce qui est des micro-particules plastiques, nous avons effectué différents prélèvements planctoniques au fil de la traversée. Les analyses de densité seront faites dès notre retour, et nous pourrons alors proposer des résultats plus fiables.

Les déchets d’à bord !

Cette première expérience de navigation de longue durée a été pour nous l’occasion de nous confronter à nos propres déchets. Vivre à quatre pendant quinze jours sur un espace de quelques mètres carrés implique une reflexion sur la gestion des détritus à bord. Si les résidus organiques peuvent être, sans culpabilité, jetés directement à l’eau, que faire de ce qui constitue aujourd’hui le volume essentiel de notre production détritique: les emballages !

Au fil des jours, les coffres arrières du bateau se sont emplis de ces restes jusqu’à saturation. Les deux derniers sacs poubelles ont donc finit dans un des placards intérieurs, qui n’a, bien sûr, pas manqué de s’ouvrir et de se répandre dans l’habitacle après quelques départs au lof incontrollés ! Quelques jours de plus, et la perpsective de l’envahissement détritque aurait bien pû devenir une réalité ! Au bilan, nous avons généré près de 8kg de déchets d’emballage auxquels il faut associer une douzaine de kilogrammes de verre. Soit 20 kg environ pour une quinzaine à quatre. Rapporté aux 353kg de déchets annuels produits par chaque français (Source:ADEME), notre moyenne est plutôt bonne! Mais il reste intéressant de constater que malgré nos conditions de vie très particulières, nous n’avons pû échapper à cette production détritique, qui caractérise aujourd’hui encore, notre mode de vie.

A ce bilan, il faut ajouter ce que nous n’avons pas sû garder à bord ! Une écoute de spi perdue par 4000 mètres de fond et dont le mousqueton a cédé après un affalage approximatif; et un seau (en plastique!) dont l’anse s’est décrochée en plein remplissage. Cette dernière fortune de mer (si de fortune de mer il s’agit!) a été l’objet d’une tentative échouée de récupération: affalage du spi, et remontée au près sur quelques milles n’auront pas suffit à retrouver notre seau !

Bref, de quoi donner du crédit au principe de l’arroseur arrosé !

Terre en vue !

Après quinze jours où, pour seul horizon, s’étendait tout autour de nous le cercle océanique, la terre est apparue. Tobago et sa côte nord encore sauvage nous ont offert un spectacle mémorable. Des collines abruptes tombant dans l’eau où se concentrent une végétation tropicale luxuriante. Et bien que Colomb n’y ai jamais mis les pieds, à bord, le sentiment d’être dans les pas des découvreurs de l’Amérique !

Mais, très vite, les rêves d’aventures ont perdu de leur superbe et, à peine le pied posé à terre, la réalité du monde contemporain s’est rappelée à nos souvenirs. De gros 4×4, des baraques proposant au visiteur des fish’n chips et autres guest houses jalonnent la côte de Charlotteville. Le tourisme s’est ici imposé comme norme, et ce, en moins de dix ans. Nous ne resterons que quelques jours à Tobago pour reprendre quelques forces et commencer rapidement notre remontée vers le Nord…

Bienvenue dans les Caraïbes !

Boas Festas !

1 janvier 2010

Un petit mot pour donner quelques nouvelles de l’équipe de Watch the Waste, après bientôt deux semaines au Cap Vert !

Ici, les connexions internet sont rares, et la mise a jour du site a pris du retard… mais nous tacherons très vite de vous proposer un résumé de notre traversée du Cap Vert au Cap Vert ! Et bientôt les images de notre passage inoubliable sur les îles de la Morabeza !

Arrivés quelques jours avant Noël dans cet archipel étonnant, l’équipage s’est laissé prendre au rythme nonchalant de la vie capverdienne. Alcavelis a d’abord posé l’ancre à Palmeira, sur l’île de Sal, pour rejoindre ensuite Santa Maria. Noël a été fêté comme il se doit, sur l’île de Sao Nicolau. Mais c’est depuis Mindelo sur Sao Vicente que nous vous écrivons ces quelques lignes, au lendemain d’un réveillon haut en couleurs, festif et dansant: nous nous sommes mélés à la célébration d’une nouvelle année qui promet encore beaucoup de surprises. L’équipe s’accorde encore quelques jours de repos en attendant le grand saut pour l’autre côté de l’Atlantique ! Les préparatifs de la première transatlantique de Watch the Waste débuteront en début de semaine prochaine…

Une très belle année à tous… Boas Festas !

Merci à Dakar et en route pour les iles !

12 décembre 2009

Quelques lignes à quelques minutes du départ de Dakar, pour informer nos lecteurs du retour sur les flots de l’expédition Watch the Waste.
Après une quinzaine de rencontres, de découvertes et d’actions, le départ du Sénégal est chargé d’émotions tant l’accueil reçu ici nous a touché. Ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui ces jours derniers ont croisé les membres de l’équipage. Les souvenirs de ces moments d’Afrique porteront chacun tout au long de l’expédition, d’île en île jusqu’aux Amériques puis jusqu’à l’Europe… Vous retrouverez très bientôt sur notre site de nouveaux articles consacrés à cette escale hors du commun : les déchets de Dakar n’ont pas finit de faire parler d’eux !

Départ imminent pour l’île de Sal, au Cap Vert: 350 milles environ qu’Alcavelis devrait avaler en trois jours maximum ! Une nouvelle balise de suivi GPS a fait son entrée à bord : retrouvez dès à présent en ligne nos positions en temps réel !

Un grand merci à Dakar ! Dernière étape continentale de l’expédition pour l’année 2009. A partir de ce point, l’équipage d’Alcavelis ne touchera de territoires continentaux qu’à l’occasion de son arrivée: fin juin 2010, en Bretagne !

A très vite pour la suite !

La baie de Hann à l’heure de Copenhague…

8 décembre 2009

En Europe, le sommet de Copenhague s’est ouvert hier matin. A défaut de chefs d’états, l’équipe de Watch the Waste, en escale à Dakar, a rencontré les habitants de la baie de Hann, un des sites qui figure en bonne place dans le classement des plages les plus polluées du monde.

Le pied à peine posé à terre, la situation de la baie de Hann ne peut qu’être confirmée par nos premières sensations. A la lisière de l’eau, le sol est noirci. Des déchets par centaines s’amoncellent sur le sable. Mais surtout, une odeur de vase peu commune est omniprésente aux abords du ponton qui nous amène jusqu’à terre.


La plage de la baie de Hann. Dans le fond, la couleur originelle du sable, au premier plan, le sol noirci par les diverses pollutions qui touchent le site.

Très vite, nous rencontrons Babacar Fall, président de l’association Siggil Hann qui se bat depuis plus de cinq ans pour la restauration de la baie. Les membres de Siggil Hann habitent tous à proximité de la plage. Les plus anciens ont pu assister à la dégradation de leur cadre de vie : « dans les années 60, cette baie était considérée comme la plus belle plage du monde après celle de Rio de Janeiro ». En effet, ce site réunit des qualités exceptionnelles : de grande taille, on y retrouve un sable d’une rare finesse, exposé plein sud, à l’abri des vents et des courants. Mais aujourd’hui, rares sont ceux qui osent s’aventurer dans l’eau. Les quinze kilomètres de plage qui forment la baie sont devenus un des territoires anthropisés les plus pollués de la planète. Chacun semble ici déplorer un véritable gâchis qui s’est joué en moins de cinquante ans.


Rencontre avec Siggil Hann : de gauche à droite: Mame Yabe Diop, Mamadou Bocar Thiam, Baptiste Monsaingeon, Yann Geffriaud, Pape Sylla, Malang Badian (chef de quartier Marinas), Marcel Diatta, Mamadou Diédhiou, Babacar Tambidou, Mbaye Ndiaye, Pierre sassier, Babacar Fall.
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Watch the Waste en duplex !

4 décembre 2009

Un court article pour informer nos lecteurs parisiens de l’organisation d’un duplex en direct de Dakar ce week end.

L’équipage d’Alcavelis interviendra lors d’un débat organisé par Les Arts et Mouvants, au théâtre Daniel Sorano, à Vincennes, le dimanche 6 décembre prochain. Le thème : “l’humaniste et le monde”. Seront présent (en chair et en os), Denis Brauman, Philippe Lefait et Claude Millet, pour une “cirq’conférence” animée par Fabien Le Borgne et Laurent Schuh. Un événement prenant place dans la série de rencontres “Rendez Nous Hu! Go!”, autour du spectacle L’homme qui rit.

Pour plus d’informations : www.lesartsetmouvants.com

Des canards rient… au Cap Vert !

2 décembre 2009

Depuis le départ de l’expédition en octobre dernier, l’équipe de Watch the Waste a réalisé la semaine dernière sa plus longue traversée: 950 milles séparent Puerto del Rosario (Fuerteventura - Canaries) de Dakar. Voici les quelques remarques que nous vous proposons en guise de résumé de ces 7 jours de mer.

Un vent soutenu de secteur Nord Est et une mer assez peu agitée auraient dû nous permettre de réunir des conditions favorables à l’observation des résidus flottants. Nous sommes restés à une cinquantaine de milles des côtes sahariennes pendant l’essentiel de cette navigation. Malgré la proximité du littoral, seuls une dizaine de déchets ont pu être répertoriés sur l’ensemble de la traversée. Ceux-ci répondent toujours aux mêmes caractéristiques: débris plastiques, sacs, filets… Une maigre récolte qui donne d’autant plus de poids aux constats passés et à venir, montrant des concentrations plus importantes de ces restes de l’activité humaine.

Cette pénurie qu’il serait difficile de critiquer nous a laissé le champ libre pour observer une faune riche et diversifiée: poissons volants par centaines, tortues, dauphins qui, de jour comme de nuit ont accompagné la descente vers le sud d’Alcavelis. Un espadon de près de deux mètres a suivi notre sillage pendant de longues minutes, des bancs de thons nombreux s’animaient à notre approche. Chacune de ces visites ont été pour nous une formidable distraction dans une traversée qui pouvait devenir rapidement monotone.

A autre faune, autre type de distraction. Jamais depuis notre départ de Bretagne nous n’avions croisé une telle densité de navires de commerce. Tankers, porte-containers et autres cargos aux dimensions souvent impressionnantes ont jalonné notre parcours. A cette distance des côtes, notre route a suivit celle des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Orient, la plupart des bateaux ayant franchit le Cap de Bonne Espérance. La situation politique dans le Golfe d’Aden explique peut-être ce constat: bien que plus longue, la route passant par le sud de l’Afrique est actuellement plus sûre que celle qui mène au canal de Suez. Par ailleurs, de gigantesques navires de pêche (des thoniers très probablement) sont également omniprésents dans cette zone de l’Atlantique où la richesse de l’océan contraste fortement avec la pauvreté du continent.

Jour après jour, c’est la VHF qui à travers un canal 16 bien souvent utilisé pour des palabres musicales nous apportait la preuve sonore d’une avancée toujours plus au sud. De l’espagnol à l’arabe le long des côtes sahariennes, les premiers échanges en wolof et en français ont été pour nous le signe d’une arrivée prochaine.

A l’aube du jeudi 26 novembre, le Cap Vert (celui de Dakar!) a commencé à dessiner ses courbes à l’horizon et très vite, les odeurs de la côte et la chaleur de l’Afrique se sont faits ressentir avec force. Un seul virement de bord au sud de Gorée et la baie de Hann s’ouvrait devant l’équipage déjà ébahit. L’ancre à peine jetée, une certitude nous envahit, notre passage à Dakar sera un moment fort de cette expédition. Le site dans lequel le mouillage du Cercle de Voile de Dakar s’est installé nous offre un spectacle déconcertant… jamais nous n’avions pu assister à un tel degré de souillure : dans un cadre idyllique, une baie s’étendant jusqu’à l’horizon renferme des débris flottants par centaines. Si sur la plage le sable est d’une blancheur et d’une finesse rare, à l’endroit où viennent se briser les vaguelettes, le sol a noircit, il est comme imprégné de substances dont nous ignorons encore la nature.

Deux semaines s’ouvrent à nous pour tenter de comprendre ce qui se joue ici. Des rencontres avec les associations locales devraient nous permettre d’y voir plus clair. La pollution est ici une évidence. Ses causes, elles, sont encore invisibles…

A très vite pour la suite…


Un des premiers navigateurs rencontrés à notre arrivée au Cercle de Voile de Dakar…

Les canaries ont plusieurs vies!

19 novembre 2009

 

Après notre escale d’une semaine à Madère, nous sommes partis pour une traversée express vers l’archipel canarien. En effet, la direction et la force du vent nous ont permis de tirer tout le potentiel de notre bateau. Les conditions de mer nous semblaient toutefois propices à l’observation et pourtant…rien. Sur nos 3 jours de navigation, nous n’avons croisé aucun déchet. Le bilan est tout aussi maigre concernant la faune, dans cette zone située au cœur des alizés portugais, réputée poissonneuse,  aucune trace de vie dans le sillage d’Alcavelis. Simple fait du hasard ou conditions particulières, nous serons d’autant plus attentifs lors de notre navigation vers le Sénégal qui rencontrera des conditions de vents et de courants similaires.

Arrivé par le nord de Lanzarote, l’équipage de Watch the Waste découvre un archipel à deux visages. Tout commence par un paysage lunaire, un amoncellement volcanique désertique aride et vierge de toute présence humaine, puis vient un espace bétonné, sacrifié pour contenir l’explosion touristique des iles. Notre escale de deux jours à Puerto Castillo, au milieu de la côte Est de l’île de Fuerteventura nous a plongés en plein cœur de l’industrie touristique qui s’y développe.  La ville y est entièrement dédiée, aucune place pour les locaux entre les rangées de bungalows. Bien que nous n’ayons visité que Lanzarote et Fuerteventura, les Canaries ont vraisemblablement fait le choix d’un tourisme à la chaîne et une préservation du littoral à deux vitesses. Et dire que nous ne sommes qu’à 50 milles de l’Afrique…

Partout ou nous avons mis pied à terre, le tri des déchets était en place. Les plages et marinas des zones touristiques nous ont semblé propres tout comme le littoral en général, souvent décrété réserve naturelle. Rien d’alarmant non plus le long des côtes plus urbanisées longées par Alcavelis. Peut-être n’aurions nous pas tiré le même bilan de Grande Canaria et de Tenerife, les deux plus grosses îles de l’archipel. Nous ne manquerons pas d’en  parler avec les plaisanciers qui s’y sont aventurés.
Car contrairement à notre escale à Madère, nous avons rencontrés peu de grands voyageurs au cours de cette escale. Notre base de données de déchets flottants devra donc attendre Dakar pour réunir de nouveaux partisans et retrouver les acteurs existants.

Nous nous préparons donc à la plus longue navigation depuis le début de l’expédition, 7 jours de mer pour parcourir les 900 milles nous séparant de la capitale sénégalaise. Une étape que l’équipe Watch the Waste attend avec hâte tant elle s’annonce enrichissante à tous points de vue.